Cet arbrisseau décore les haies et la lisière des bois en avril et mai par ses nombreuses petites fleurs blanches, à odeur agréable, qui s'épanouissent avant les feuilles. A la fin de l'automne et même en hiver, il orne encore les mêmes endroits par ses nombreux petits fruits violacés ou bleuâtres couverts d'une efflorescence blanche, et qui ne mûrissent que d'octobre à décembre.
On trouve cet arbrisseau, souvent très abondant, dans la plus grande partie de notre Flore. Sa taille est ordinairement de 1 à 2 mètres, mais peut atteindre parfois jusqu'à 4 mètres. Les jeunes pousses sont couvertes de petits poils. Les feuilles, d'abord plus ou moins poilues, deviennent sans poils lorsqu'elles sont âgées ; leur limbe est simplement denté en scie tout autour ; les stipules sont couvertes de petits poils. Les fleurs sont souvent insérées isolément, plus rarement groupées par deux ; dans chaque fleur, le pistil se développe ordinairement avant les étamines. Les fruits sont à peu près globuleux, dressés, et mesurent de 7 à 20 millimètres de largeur, leur noyau est presque lisse. L'écorce des rameaux est d'un aspect lustré et de couleur brun-noir, rarement grisâtre.
Ces arbrisseaux ou arbustes se multiplient abondamment par des bourgeons qui se développent sur les racines. (On a trouvé des exemplaires dont les fleurs ont 3 sépales et 3 pétales, d'autres à 6 sépales et 6 pétales, d'autres encore chez lesquelles les sépales et les pétales sont cohérents entre eux).
Le type principal se reconnaît à ses rameaux étalés, divergents, très épineux, à ses feuilles devenant assez rapidement sans poils ou presque sans poils, au fruit de 7 à 13 millimètres de largeur, dont le noyau est presque globuleux.
Noms vulgaires. En français : Epine-noire, Prunellier, Prunellier-sauvage, Epinette, Buisson-noir. En allemand : Schlehe, Schlechdorn, Schlehenpflaume, Schwarzdorn. En flamand : Sleedoorn, Sleepruim. En italien : Pruno-salvatico, Prùgnolo, Spino-nero, Susino-di-macchia, Vegro, Strozzapreti. En anglais : Blackthorn, Blackberry, Sloe-tree, Spiny-plum.
Usages et propriétés. Les fruits, connus sous le nom de « prunelles » ne sont guère comestibles qu'après les premières gelées ou en décembre s'il n'a pas gelé ; auparavant, ils sont d'un goût trop acerbe. Ils servent à fabriquer la « liqueur de prunelles » obtenue par macération des noyaux ou par fermentation des fruits, et 1' « eau-de-vie de prunelles » préparée par distillation. On fabrique des cannes avec les rameaux. Ces arbrisseaux servent à faire des haies impénétrables, et leurs branches mortes sont employées pour protéger les jeunes arbres. Le bois, de couleur brun-rougeâtre, élégamment veiné, est très dur ; on l'utilise quelquefois en marqueterie.
C'est une espèce nuisible aux moutons non seulement par ses épines, mais aussi par ses feuilles qui rendent malades ces bestiaux lorsqu'ils en consomment une assez grande quantité. Les fleurs ne sont pas très mellifères et sont peu visitées pour le nectar par les abeilles. L'écorce, les feuilles et les fruits sont astringents ; on a préconisé l'écorce et les feuilles contre l'asthme et l'hydropisie. Les fleurs donnent, par distillation, de l'acide cyanhydrique (acide prussique). Les fruits renferment divers sucres tels que saccharose, sucre interverti, etc., de la vitine et de l'acide malique. Les graines contiennent dans leur plantule de l'amygdaline (glucoside) et de l'émulsine (diastase) (voir l'espèce Amygdalus communis pour l'action réciproque de ces substances). Les cendres des fruits renferment du carbonate de calcium, du phosphate et du sulfate de magnésie. L'écorce renferme du tanin, et, traitée par des sels de fer, fournit une matière colorante noire. Dangereux pour les bestiaux.
Distribution. Peut s'élever sur les montagnes jusqu'à plus de 1.000 m. d'altitude. France et Suisse : commun, en général. Belgique : commun presque partout ; assez rare dans les Régions campinienne et littorale.
Europe : presque toute l'Europe sauf les contrées arctiques. Hors d'Europe : Sud-Ouest de l'Asie ; Nord de l'Afrique ; naturalisé dans quelques contrées de l'Amérique du Nord.
On a décrit 1 sous-espèce, 12 races, difficiles à caractériser nettement, 9 variétés et 3 sous-variétés de cette espèce. La sous-espèce est la suivante :
P. fruticans Weihe P. arborescent.
Rameaux épineux, peu épineux ou même non épineux ; arbuste ou petit arbre ne croissant pas en masse, mais souvent isolé ; feuilles conservant longtemps leurs poils, ne devenant sans poils ou presque sans poils que lorsqu'elles sont très âgées ; fruits de 14 à 20 millimètres de largeur, dont le noyau est ovoïde. (Çà et là, assez commun).
