Les nombreuses formes que l'on peut réunir sous ce nom général sont des arbres ou des arbustes qui peuvent atteindre 2 à 5 mètres, dont les fleurs blanches, très rarement d'un blanc jaunâtre ou rosé, s'épanouissent en mars et avril, parfois seulement en mai, et dont les fruits mûrissent de juillet à septembre.
L'ensemble de ces formes est assez difficile à caratériser. Les fleurs sont ordinairement groupées par deux, rarement par 2 à 5 ou quelques-unes insérées isolément ; elle s'épanouissent avant les feuilles ou presque en même temps que les feuilles. Celles-ci sont velues, au moins sur les nervures de la face inférieure, et restent ordinairement velues même lorsqu'elles sont âgées. Les fruits sont bleus, bleuâtres, violacées ou jaunâtres, et lorsqu'ils sont bleus, bleuâtres ou violacés ces fruits ont un noyau rugueux ; ils sont penchés vers le bas, à la maturité.
Ce sont des arbres ou arbustes non épineux ou peu épineux, dont les rameaux ne sont pas, en général, d'un brun noir et lustré ; ils peuvent se multiplier par des bourgeons naissant sur les racines. (On a observé des échantillons anormaux présentant un verdissement des fleurs, des carpelles à plusieurs ovules ou des fleurs à plus de 30 étamines, des fleurs à plusieurs carpelles).
Le type principal se reconnaît à ses jeunes pousses sans poils ou couvertes de poils qui ne persistent pas pendant longtemps, à ses rameaux qui ne sont pas épineux (très rarement un peu épineux), à ses stipules couvertes de petits poils, à ses fleurs ordinairement groupées par deux (rarement par 1 à 3), à ses feuilles dont les dents ne sont pas très aiguës, à son calice dont les sépales sont plus ou moins velus du côté intérieur et à ses fruits ordinairement de forme ovoïde ou oblongue.
Noms vulgaires. Pour le type principal. En français : Prunier, Prunier-cultivé, Prunier-des-jardins. En allemand : Hauspflaume, Pflaume, Zwelsche. En flamand : Pruim, Pruim-boom, Tamme-Pruimboom. En italien : Susino, Susinello. En anglais : Plum, Plum-tree, Prune-tree. Pour la sous-espèce Prunus brigantiaca. En français : Marmottier, Abricotier-de-Briançon, Prunier-des-Alpes. En allemand : Mandelaprikose, Aprikosenbaum-von-Briançon. En italien : Marmota, Prugno-marmota. En anglais : Briançon-apricot-tree, Marmottes-oil-plant. Pour la sous-espèce Prunus insititia : En français : Pruneaulier, Prunier-sauvage, Créquier. En allemand : Kriechen-Pflaume, Haferpflaume, Bielse. En flamand : Wilde-pruim, Kriekeboom, Kroosjes. En anglais : Bullace, Wild-plum, Cricksey.
Usages et propriétés. Les fruits de diverses variétés du type principal sont consommés frais, en confitures, en compotes, à l'eau-de-vie, ou desséchés (pruneaux). Les meilleures variétés à fruits consommés frais sont celles connues sous le nom de « Reine-Claude » à fruits vêrdâtres ou d'un jaune-verdâtre, de « Mirabelle» à petits fruits jaunâtres ; d'autres variétés telles que les « Prunes-de-Monsieur » ou « Prunes-de-Damas », sont d'une digestion moins facile. Les principales variétés qui servent à faire des pruneaux sont les « Prunes-de-Sainte-Catherine » (pruneaux de Tours), les « Prunes d'Agen » ou « Prunes d'Ente » (pruneaux d'Agen), les « Perdigons blancs » (pruneaux de Brignoles) et les « Perdigons violets » (pruneaux des Basses-Alpes). On cultive aussi dans le Limousin, surtout aux environs de Guéret, sous le nom de Dindonnier, une race à fruits comestibles (Prunus varaclensis, Bor., Prunier de Guéret), dont il existe plusieurs variétés : « Dindonnier-muscat » « Dindonnier-à-gros-fruit », etc. La sous-espèce Prunus insititia fournit aussi plusieurs variétés de culture, et, en outre, peut servir de porte-greffes pour diverses sortes cultivées. Le bois de Prunier, dur, veiné de rouge, à grain fin et serré, susceptible de recevoir un beau poli, est recherché par les tourneurs, les menuisiers et les ébénistes. La gomme, qui s'écoule du tronc de l'arbre peut remplacer la gomme arabique. L' «huile de marmotte » extraite des fruits de la sous-espèce Prunus brigantiaca, est usitée contre les contusions et les rhumatismes. Plusieurs variétés de Pruniers sont aussi cultivées comme ornementales. Les fleurs sont plus ou moins mellifères, et visitées par les abeilles. Les pruneaux en décoction (compote de pruneaux) sont rafraîchissants et laxatifs. Les fruits renferment du sucre interverti, du saccharose, des matières pectiques, des acides malique, salicylique et succinique. Les graines contiennent une huile grasse spéciale (huile de prunier), de l'amygdaline (glucoside) et une diastase, l'émulsine (voir l'espèce Amygdalus communis, pour l'action de ces deux substances en présence de l'eau, produisant de 1' « essence d'amandes amères » et de l'acide cyanhydrique ou acide prussique). La gomme de l'arbre renferme un sucre spécial prunose, du galactose et de l'arabinose. Vénéneux par ses graines.
Distribution. Le type principal peut se cultiver jusqu'à 1.300 m. d'altitude dans les montagnes sur les pentes bien exposées au Midi. La sous-espèce Prunus brigantiaca se trouve dans les Alpes entre 1.200 m. et 1.800 m. d'altitude, et préfère les terrains siliceux. La sous-espèce Prunus insititia s'élève dans les montagnes jusqu'à plus de 1.000 m. d'altitude. Certaines races cultivées semblent originaires de formes venant d'Anatolie, de Perse ou du Caucase ; d'autres paraissent provenir de la sous-espèce P. insititia qui se trouve à l'état sauvage. France : le type principal est cultivé dans presque toute l'étendue de la France ; on le trouve aussi çà et là subspontané ou naturalisé. La sous-espèce P. brigantiaca est spontanée dans les Hautes et Basses-Alpes et dans les Alpes Maritimes. La sous-espèce P. insititia se rencontre çà et là, principalement dans l'Est, le Centre, l'Ouest et le Sud-Ouest. Suisse : le type principal est cultivé. La sous-espèce P. insititia est asez répandue sur les coteaux et les basses montagnes. Belgique : cultivé et subspontané dans les haies.
Europe : presque toute l'Europe. Hors d'Europe : Sud-Ouest de l'Asie ; Nord de l'Afrique ; naturalisé dans le Massachusetts (Amérique du Nord) ; cultivé dans la plupart des contrées tempérées.
On a décrit 2 sous-espèces, 27 races, 5 variétés et 2 sous-variétés de cette espèce, sans compter les variétés horticoles. Les 2 sous-espèces et quelques races remarquables sont les suivantes :
P. brigantiaca Vill. P. de Briançon.
Arbre pouvant atteindre 2 à 5 m., à rameaux non épineux, étalés ; jeunes pousses sans poils ou presque sans poils ; feuilles doublement dentées, à dents très aiguës ; stipules sans poils ; fleurs groupées par 2 à 5 ; calice sans poils à la partie inférieure des sépales ; fruits globuleux, de moins de 23 mm. de largeur, jaunâtres, un peu aigus vers le sommet (Alpes).
P. insititia L. P. à greffer.
Arbre ou arbrisseau de 1 à 5 m., à rameaux un peu épineux ou non épineux ; jeunes pousses couvertes de petits poils qui persistent longtemps ; feuilles à dents peu aiguës ; stipules portant des poils courts ; fleurs ordinairement groupées par deux, parfois insérés isolément ; calice sans poils à la partie inférieure des sépales ; fruits globuleux ou presque globuleux. (Çà et là).
P. varactensis Bor. (P. de Guéret).
Jeunes pousses couvertes de petits poils courts ; feuilles dont les dents ne sont pas terminées par une petite glande ; tube du calice sans poils ; fleurs portées chacune sur un pédoncule sans poils ; fruits d'un vert-jaunâtre et à goût musqué oujaunâtre et fade. (Environs de Guéret).
P. Santae-Catharinae Bor. (P. de Sainte-Catherine).
Jeunes pousses couvertes de petits poils ; feuilles bordées de dents peu saillantes ; fleurs s'épanouissant avant les feuilles ; pétales d'un blanc un peu rose ; anthères d'un jaune orangé quand elles ne sont pas encore ouvertes ; fruit ovoïde, d'abord d'un jaune verdâtre, puis glauque, agréable au goût (Centre de la France).
P. silvatica Desv. (P. des bois). Arbrisseau un peu épineux ; feuilles couvertes de petits poils à la face inférieure du limbe et sur le pétiole ; calice et pédoncules presque sans poils ; fleurs à odeur désagréable ; fruits ovoïdes, bleuâtres, âpres. (Centre et Ouest de la France).
P. Desvauxii Bor. (P. de Desvaux).
Arbuste à rameaux épineux, grêles ; feuilles aiguës ; fleurs s'épanouissant en même temps que les feuilles ; anthères rougeâtres quand elles ne sont pas encore ouvertes ; fruits presque globuleux, noirâtres, très âpres. (Çà et là : Centre de la France, Bourgogne, Jura, Languedoc)
P. cerasiflora Paillot (P. à fleurs de Cerisier).
Arbrisseau à longs rameaux épineux ; feuilles obtuses au sommet ; fleurs s'épanouissant en même temps que les feuilles ; anthères d'un jaune vif lorsqu'elles ne sont pas encore ouvertes ; fruits presque globuleux, bleuâtres, glauques. (Environs de Besançon).