On peut trouver, chez les Rosacées, des types extrêmes, comme par exemple un Fragaria dont la fleur possède calice, calicule, corolle, nombreuses étamines et nombreux carpelles, tandis que la fleur d'Alchimilla arvensis est réduite à 4 sépales, une étamine et un carpelle. Si l'on compare une fleur de rose à une fleur de Pommier, la constitution du pistil se montre extrêmement différente dans les deux cas : chez les Rosa. c'est un recourbement de l'axe sur lui-même portant, dans une sorte de bouteille, de nombreux carpelles libres entre eux ; chez les Malus, c'est un ovaire dont les cinq carpelles sont adhérents au calice et presque complètement soudés entre eux. Cependant l'ensemble des Rosacées forme un grand groupe naturel et qui ne se relie que par de rares intermédiaires aux autres famillos de Dicotylédones.
Un premier groupe de Rosacées, que l'on désigne souvent sous le nom d'Amygdalées, se compose d'arbres ou d'arbustes caractérisés par le pistil formé d'un seul carpelle libre et par le fruit à noyau, c'est-à-dire dont la partie externe est plus ou moins charnue, et la partie interne, entourant la graine, est dure, lignifiée. Les genres Amygdalus et Persica se rapprochent l'un de l'autre par leur fruit qui est, en général, velu et dont le noyau est creusé à sa surface de cavités et de sillons irréguliers, mais dans le genre Persica, on trouve parfois des formes à fruit lisses et sans poils (brugnons), ce qui constitue une transition vers le genre Prunus qui, comme le genre Armeniaca, présente un noyau lisse, mais dans ce dernier genre le fruit est velu extérieurement, et chez certaines espèces de Prunus, le noyau est plus ou moins rugueux à sa surface. Enfin, le genre Cerasus ne diffère guère des Prunus, auxquels on le réunit souvent, que par le mode d'enroulement des jeunes feuilles. On voit donc que, comme l'indique la figure 14, tous les genres précédents sont très intimement reliés les uns aux autres.
Fig- 14. Liaisons entre les genres de Rosacées. La surface de chaque cercle, correspondant à un genre, est proportionnelle au nombre d'espèces que renferme ce genre dans notre Flore. Les traits pleins qui joignent les cercles les uns aux autres indiquent les liaisons importantes entre les genres et sont d'autant plus courts que ces liaisons sont plus grandes. Les traits pointillés indiquent les liaisons plus lointaines.
Un groupe plus nombreux de genres, et que certains autours considèrent comme formant les Rosacées proprement dites, se rapproche du précédent par le caractère de l'ovaire libre d'adhérence avec le calice, mais les carpelles y sont ordinairement nombreux, bien qu'ils puissent se réduire à 2 ou 3 ou même à un seul (comme dans plusieurs espèces d'Alchimilla).
Le genre Spiraea est caractérisé surtout par son fruit formé de carpelles qui contiennent chacun plusieurs graines et s'ouvrent par une seule fente placée vers l'intérieur, la feuille carpellaire tendant à reprendre la forme de feuille à la maturité complète du carpelle ; mais, chez plusieurs espèces de Spirées, on trouve des carpelles qui ne s'ouvrent pas et qui ne renferment qu'une graine, ce qui forme une transition vers les genres suivants dont les carpelles offrent toujours ces caractères.
Dans les genres Geum, Potentilla, Sibbaldia, Comarum et Fragaria, la fleur présente, en dehors du calice normal, une sorte de calice supplémentaire ou calicule qui est formé par les stipules des sépales plus ou moins soudées entre elles deux à deux. Ce caractère se retrouve aussi dans le genre Alchimilla où la fleur est sans corolle et le pistil réduit. Le genre Dryas, ou le calice est sans calicule comme celui des Spiraea, se rapproche des espèces de Geum par les styles s'accroissant beaucoup après la floraison, ce qui constitue un intermédiaire entre les genres sans caliculs et ceux qui possèdent ce doublement du calice. C'est ce caractère de style s'accroissant qui distingue à peu près uniquement les Geum des Potentilla et ce dernier genre conduit aux Fragaria par l'intermédiaire du genre Comarum chez lequel la fleur présente un réceptacle du fruit un peu spongieux, non tout à fait sec comme celui des Potentilla, mais non tout à fait charnu comme celui des Fragaria. Quant au petit genre Sibbaldia, il ne diffère guère des Potentilla que par les étamines réduites au nombre de 5. Le genre Rubus est caractérisé par son fruit à nombreux carpelles dont l'enveloppe est durcie intérieurement mais charnue à l'extérieur et par l'absence de calicule ; cependant certaines variétés ont les carpelles presque secs comme ceux des genres précédents et l'on trouve anormalement chez beaucoup d'exemplaires de ce genre un calicule développé.
Le genre Rosa semble très spécial par ce caractère de l'existence, à la base de la fleur, d'une sorte de bouteille formée par un recourbement du pédoncule sur lui-même, et qui renferme les carpelles portant des styles allongés.
Toutefois, d'une part un genre exotique voisin des Spirasa, le genre Kerria, présente de nombreux carpelles à longs styles disposés dans un réceptacle un peu creux, ce qui forme un passage entre les Rosa et les Spiraea ; d'autre part le genre Agrimonia, caractérisé par la réduction du nombre des étamines et la forme particulière de son calice, se rapproche des Rosa par le recourbement sur lui-même (bien qu'à l'extrême base de la fleur) du sommet de son pédoncule dans lequel la partie inférieure des carpelles est comme enfoncée.
Ce même genre Agrimonia possède calice et corolle. Comme tous les genres précédents, mais par son pistil réduit à un ou deux carpelles, il établit un lien vers les genres Poterium, Sanguisorba et Alchimilla dont les fleurs sont dépourvues de corolle. Le genre Poteruim présente des fleurs ayant 20 à 30 étamines, tandis qu'on ne trouve normalement que 4 étamines chez les Sanguisorba ; toutefois ces deux genres se ressemblent tellement par l'ensemble de tous leurs autres caractères que beaucoup d'auteurs les ont réunis en un seul. Quant au genre Alchimilla, chez les fleurs duquel le nombre des étamines peut varier de 4 à 1 et dont les carpelles sont au nombre de 1 à 2, il est voisin des précédents dont il diffère surtout par la présence d'un calicule ; cependant, on trouve à la base des fleurs de Poterium et de Sanguisorba de très petites bractées qui peuvent être comparées morphologiquement à ce calicule.
Il existe encore un autre groupe de Rosacées, qu'on distingue assez souvent sous le nom de Pomacées ; il comprend des genres qui diffèrent des précédents par l'adhérence des carpelles avec le calice et par leur adhérence presque complète entre eux. Parmi les genres de ce groupe, les Crataegus, Mespilus et Cotoneaster sont très voisins les uns des autres, car ils ont été réunis par certains auteurs dans un même genre ; ils ont, en effet, pour caractère commun d'avoir des fruits dont la partie interne des carpelles est dure et creuse ; ce sont des fruits à noyaux comme ceux des Amygdalées, mais ici à plusieurs noyaux, rarement à un seul. Les genres Cydonia, Pirus, Aria, Sorbus et Amelanchier ont été aussi parfois réunis en un seul genre ; ils ont tous un fruit dont la partie interne des carpelles est mince et cartilagineuse ; c'est un fruit à pépins, le pépin, à tégument dur, étant la graine, tandis que le noyau est formé par la graine entourée par la partie interne et dure du carpelle. Dans 1'Amelanchier, caractérisé par ses carpelles incomplètement divisés chacun en deux, les caractères sont un peu intermédiaires entre les deux associations de genres qui viennent d'être citées, car le fruit présente une partie interne des carpelles qui est assez dure, mais fragile.
Ce groupe des Pomacées ne se rattache que d'une façon un peu indirecte aux autres groupes de Rosacées. Cependant, il existe des relations incontestables entre les Pomacées et les Amygdalées. Le Crataegus monogyna présente un fruit charnu et à un seul noyau comme celui des Amygdalées, avec cette différence, il est vrai, que l'ovaire est adhérent au calice. De plus, des relations chimiques importantes s'établissent entre les deux groupes. On peut trouver de part et d'autre les mêmes glucosides, tels que la laurocérasine ; les uns et les autres de ces genres peuvent contenir de l'amygdaline et de l'émulsine, de telle sorte que leurs feuilles donnent souvent de l'acide cyanhydrique (acide prussique) par distillation, ou encore leurs graines en germant peuvent produire cet acide et de l'essence d'amandes amères.
Enfin, il existe un lien assez lointain entre les Pomacées et les Rosacées : dans le genre Cotoneaster (Pomacées) les carpelles, au nombre de 2 à 3, ne sont soudés avec le calice que jusqu'à la moitié de leur longueur, et dans le genre Agrimonia, qui fait partie des Rosacées proprement dites, les carpelles, au nombre de 1 à 2, sont légèrement adhérents par le dos, tout à fait à leur base.
La figure 14 indique les différentes relations que nous venons d'établir entre les divers genres de Rosacées.
AFFINITÉS DES ROSACÉES AVEC LES AUTRES FAMILLES.
Les Rosacées ne se rapprochent directement d'aucune famille de notre Flore, et il faut s'adresser à certains groupes exotiques pour trouver quelque lien entre les Rosacées et les Mimosées, d'où l'on passe aux Césalpinées et aux Papilionacées. En effet, la famille exotique des Connarées se rapproche des Rosacées par leurs fleurs régulières, à étamines nombreuses qui sont plus ou moins adhérentes au calice à leur base, et, d'autre part, certaines Mimosées, comme celles du genre Affonsea, ont aussi des fleurs régulières et à nombreuses étamines ; de plus, beaucoup de Connarées présentent des feuilles dont les folioles rappellent celles des Mimosées ou même des Papilionacées.
Nous verrons plus loin que les Rosacées offrent aussi quelque liaison avec les Crassulacées.