Cette espèce, de 50 cm. à 1 m. 20 de hauteur, bien connue sous le nom de « Fève » est cultivée dans presque toute l'étendue de notre Flore et peu souvent subspontanée. Ses fleurs grandes (de 23 à 32 millimètres de longueur , blanches ou rosées avec une tache noire sur chacune des ailes, se montrent de mai à juillet, et parfois encore en août. Les feuilles ont 4 à 6 folioles et sont terminées par une arête étroite, droite ou courbée, mais non enroulée en vrille, qui représente la foliole terminale ; ces folioles sont souvent disposées assez irrégulièrement des deux côtés du pétiole commun ; elles sont ovales, assez épaisses, un peu glauques, et chacune est terminée par une toute petite pointe. Le calice a les deux dents supérieures plus courtes, rapprochées et se tournant l'une vers l'autre. Les fleurs sont disposées en grappes courtes, par 2 à 5, sur des rameaux florifères beaucoup plus courts que la feuille à l'aisselle de laquelle ils se trouvent. L'étendard est notablement plus long que les ailes. Les dix étamines sont toutes réunies par leurs filets, l'une d'elles l'étant un peu moins que les autres. Le style est en forme de filet, très peu aplati. Les fruits sont un peu charnus, gonflés, et mesurent, en général, plus de 15 millimètres de largeur sur plus de 65 millimètres de longueur ; les graines sont relativement très grosses ( plus d'un centimètre de largeur), aplaties, ovales et comme coupées sur le côté.
C'est une plante annuelle, sans poils, à tiges dressées et creuses en dedans, à racine principale développée. (On a trouvé des exemplaires où les stipules sont avortées et dont, en revanche, les folioles sont plus grandes ; assez souvent, les fleurs présentent un avortement de la carène et des ailes).
Noms vulgaires. En français : Fève, Fève-de-marais, Féverolle, Fève-de-cheval, Fève-des-champs, Févelotte, Fève-d'abondance. En allemand : Pferdebohne, Rossbohne, Ackerbohne, Feldbohne, Feldbon. En flamand : Paardeboon, Labboon, Boon. En italien : Faba. En anglais : Horse-bean, Small-ticks ou Great-ticks (suivant les variétés).
Usages et propriétés. Cultivé depuis l'époque préhistorique comme plante alimentaire pour ses graines. Les prêtres égyptiens et les Pythagoriciens défendaient l'usage des fèves, mais il semble que cela tenait à des raisons religieuses ou politiques. Les fèves non encore mûres fournissent une substance plus nutritive. Les jeunes pousses peuvent être mangées en salade ou dans les soupes de légumes. Dans certaines contrées, on mélange la farine de Fève à celle du Blé pour fabriquer le pain. Les fèves cuites ou en farine forment une excellente nourriture pour les bestiaux, et surtout pour les chevaux. On cultive diverses variétés de cette espèce ; les principales sont les suivantes : la « Petite-fève » dont les fruits sont à 3 graines ; la « Fève-de-Nice», à graines très grosses ; la « Fève d'Aguadulce », bonne variété de jardin dont les fruits ont de 35 à 40 cm. de longueur ; la « Féverolle » ou « Fève-de-cheval » à graines anguleuses, relativement petites, cultivée spécialement pour la nourriture des chevaux, etc. Pour cent parties, la Fève renferme, d'après Payen : 24,40 de légumine ; 1,50 de matières grasses ; 51,50 d'amidon, de sucres et de dextrine ; 3 de cellulose ; 3,60 de sels minéraux et 16 d'eau.
Les fleurs sont très visitées par les abeilles qui y recueillent un excellent nectar ; elles butinent sur les fleurs en y introduisant leur trompe de diverses façons et profitent aussi des déchirures produites dans le calice, au niveau du nectaire par les Bourdons sauvages. En Angleterre, les fèves, cuites avec du miel servent à fabriquer un appât pour prendre les poissons. L'eau distillée, faite avec les fleurs, est utilisée comme cosmétique. La farine de fèves est employée pour faire disparaître les taches de rousseur. Les feuilles sont diurétiques ; la farine des graines sert à faire des cataplasmes résolutifs maturatifs ; on a aussi recommandé les fèves contre la diarrhée et la dysenterie. La plante contient de l'asparagine. Les fleurs renferment une substance colorante, l'anthophéine. Dans les graines, se trouvent des alcaloïdes (vicine, convicine, conglutine), des substances protél-ques (légumine, viciline, léguméline, protéose), de l'acide citrique, de l'amidon, du saccharose, de la galactane, de la lécithine, de la cholestérine, des gommes. Les cendres des graines contiennent de l'acide phosphorique, de la potasse, de la chaux, de la magnésie, et jusqu'à 0,38 pour cent de cuivre.
Distribution. Originaire d'Asie (Sud de la mer Caspienne) ; ne peut guère se cultiver sur les montagnes au delà de 1.700 m. d'altitude. France, Suisse et Belgique : cultivé en grand ou dans les jardins ; parfois subspontané.
Europe : cultivé et subspontané. Hors d'Europe : Asie, dans la région voisine de la mer Caspienne ; cultivé et subspontané dans un grand nombre de contrées à climat tempéré.
On a obtenu, pour la culture, diverses variétés de cette espèce.