Fabaceae - - Trifolium pratense (L.)

Trèfle des prés

Les formes que l'on peut réunir sous ce nom ont des tiges de longueur très variable, de 6 à 70 cm. ; le type principal se trouve très souvent dans les prairies, au bord des champs, dans les fossés, sur les talus, sur les berges des cours d'eau ou parmi les bruyères dans toute l'étendue de notre Flore. Une race, qui s'en rapproche beaucoup est cultivée en grand, et est bien connue sous le nom de « Trèfle rouge » ou même simplement de « Trèfle ». Les fleurs pourprées, roses, jaunâtres ou blanches se montrent de mai à septembre et parfois de nouveau en hiver.
D'une manière générale, on reconnaît cette espèce aux caractères suivants. Les groupes de fleurs sont globuleux ou ovoïdes, et entourés à leur base par les stipules élargies des feuilles supérieures. Le calice, plus ou moins poilu, est terminé par 5 dents qui s'infléchissent un peu les unes vers les autres et dont l'une est deux fois glus grande que les quatre autres ; ces dents sont étroites et ciliées. Le tube du calice est marqué de 10 nervures principales ; ce tube est velu en dedans à son sommet où se trouve un anneau épais formé par un renflement intérieur du calice. Les folioles sont plus ou moins ovales, à peine denticulées ou entières, assez souvent avec une tache noire sur la face supérieure ; les stipules ont leur partie libre un peu en forme de triangle, terminée en une pointe aiguë, et elles sont ordinairement sans poils, sauf une houppe de petits poils au sommet. La corolle a au moins deux fois la longueur du calice ; l'étendard est obtus ou comme coupé au sommet. Les pétales sont accolés et soudés entre eux, mais on peut les séparer les uns des autres à la main, lorsqu'on opère avec précaution. Le fruit mûr s'ouvre, à la maturité, par une sorte de petit couvercle.
Ce sont des plantes vivaces, à tiges souterraines ramifiées, à tiges florifères redressées, se perpétuant par des bourgeons souterrains. (On a décrit de nombreuses anomalies de cette espèce. Les principales sont les suivantes : graines à plusieurs plantules ; tiges fasciées, c'est-à-dire soudées ensemble dans leur longueur ; feuilles à 4 folioles ; feuilles à 5 folioles ; foliole terminale en forme de cornet ; verdissement et irrégularité des inflorescences ; pistil transformé en une feuille à 3 folioles ; fleurs à calice agrandi, à corolle réduite, etc.).

Noms vulgaires. En français : Trèfle, Trèfle-rouge, Trèfle-des-prés, Trèfle-de-Normandie, Herbe-à-vache, Trèfle-pourpre, Trèfle-d'Espagne, Triolet-rose, Suçotte. En allemand : Kopfklee, Wiesenklee, Fleischklee. En flamand : Roode-Klaver. En italien : Capo-rosso, Amaranto-salvatico, Trafogliolo-di-prato, Moscino, Trafogliolo-cavallino. En anglais : Red-Clover, Purple-Clover.

Usages et propriétés. Cultivé comme fourrage, surtout pour former des prairies artificielles de deux ans. Bonne nourriture pour les bestiaux qui ne doivent pas cependant en consommer trop à l'état frais sous peine de voir se produire un gonflement dû à une fermentation dégageant du gaz carbonique (météorisation). Cette plante fourragère étouffe les mauvaises herbes et résiste mieux que la Luzerne et le Sainfoin aux printemps froids et pluvieux ; peut fournir trois coupes par an. Cultivé comme plante ornementale, en bordures rases ou pour décorer les talus et les rocailles. Non visité, en général, par les abeilles qui, sauf par des temps exceptionnellement favorables à une abondante production de nectar, ont la trompe trop courte pour atteindre le liquide sucré ; mais plante très mellifère, très visitée par les Bourdons sauvages. La plante entière, les fleurs et les graines sont expectorantes, diurétiques, usitées contre la goutte, et les fleurs sont appliquées en cataplasme contre les maladies des yeux, etc. Les fleurs sont aussi astringentes et vulnéraires ; elles constituent un médicament du cœur. Les graines contiennent une huile grasse avec de l'acide stéarique et de l'acide palmitique ; elles contiennent du saccharose et de la mannane. Les fleurs renferment de i'asparagine, de la lyrosine et de la xanthine, Les cendres de la plante renferment 10 à 46 pour cent de chaux, 19 à 48 pour cent de potasse, 3 à 20 pour cent de magnésie, 7 à 10 pour cent d'acide phosphorique.

Distribution. Peut s'élever jusqu'à 2.800 m. d'altitude sur les montagnes. France, Suisse et Belgique : commun.
Europe : toute l'Europe. Hors d'Europe : Asie septentrionale et occidentale ; Nord de l'Afrique. Cultivé dans la plupart des régions tempérées du globe ; naturalisé en Amérique.

On a décrit 6 races, 6 variétés et 1 sous-variété de cette espèce. Les principales races sont les suivantes :

T. pannonicum Vill (T. de Hongrie).
Plante de 6 à 25 cm., à fleurs d'un blanc très jaunâtre ; calice fortement velu ; stipules poilues sur leur face externe ; corolle ayant environ deux fois et demie la longueur du calice. (Hautes montagnes du Dauphiné et de la Savoie).

T. nivale Sieb. (T. des neiges).
Plante de 6 à 30 cm. à fleurs d'un rose terne, parfois d'un rose foncé plus pu moins teinté de jaune. Calice très velu ; stipules poilues sur leur face externe ; corolle ayant 2 fois à 2 fois et demie la longueur du calice. (Hautes montagnes).

T. borderi Kern. (T. de Bordère).
Plante de 30 à 40 cm. ; groupes de fleurs ovoïdes ou presque coniques ; calice à dents toutes plus longues que le tube, la dent la plus longue presque droite ; corolle d'un beau rose. (Littoral des Basses-Pyrénées).

T. sativum Mill. (T. cultivé).
Plante de 40 à 70 cm. ; dents du calice, sauf la plus longue, plus courtes que le tube du calice ; tiges creuses en dedans ; plante sans poils ou presque sans poils ; corolle d'un beau rose. (Cultivé et subspontané).

Retour Trifolium    >>>

Retour accueil    >>>

Glossaire    >>>