Cette espèce se trouve çà et là sur les coteaux arides, dans les endroits secs, sur les vieux murs, dans une grande partie de la France et en Suisse. C'est une plante de 40 à 70 cm., dont les fleurs jaunes s'épanouissent de mai à juillet.
On reconnaît cette espèce aux fleurs qui ont 4 (parfois 5) pétales non frangés et aux fruits dont les 4 ou 5 parties sont obtuses ou arrondies au sommet. Les feuilles, deux à trois fois complètement divisées, ont un contour général à peu près en triangle ; les divisions des feuilles sont peu inégales, ovales et un peu en coin à la base, les terminales souvent plus arrondies et plus larges vers leur sommet. Les sépales sont aigus dans leur partie supérieure. Les fruits sont un peu plus courts que leurs pédoncules. Pendant l'épanouissement des fleurs, les 8 à 10 étamines, d'abord logées dans la concavité des pétales, viennent successivement s'infléchir sur les stigmates pour y effectuer la pollinisation.
C'est une plante vivace, glauque, à odeur forte et désagréable. Elle se perpétue par les ramifications de sa tige souterraine. (On a signalé de nombreuses anomalies de cette espèce : fleur terminale souvent à 5 pétales, quelquefois à 6 pétales ; fleurs disposées en spirale ; étamines transformées en languettes divisées ; anthères à partie médiane transformée en un petit pétale ; plantules à 3 cotylédons).
Noms vulgaires. En français : Rue, Rue-officinale, Rue-puante, Rue-des-jardins. En allemand : Raute, Echte-Raute, Garten-Raute. En italien : Ruta. En anglais : Rue.
Usages et propriétés. Cultivé comme plante ornementale ; il en existe une variété à feuilles panachées, tachées de blanc jaunâtre. Excitant et sudorifique ; antiseptique, antispasmodique, antihelminthique. C'est un médicament dangereux, qui peut causer de graves accidents ; il entrait dans la composition de plusieurs remèdes empiriques que l'on croyait à tort efficaces contre la rage. Le Ruta graveolens a été employé contre les vers ou pour fortifier la vue ; appliqué sur la peau, il est quelquefois utilisé dans les campagnes contre la gale ou contre les parasites de la tête ; deux poignées de cette plante placées dans les matelas d'un lit suffisent pour éloigner les punaises. On fabrique avec cette plante le « vinaigre de Rue » et 1' « huile de Rue », en la faisant infuser dans du vinaigre ou dans de l'huile. Toute la plante renferme un glucoside, la rutine, isomère de la quercitrine, identique à un glucoside qu'on trouve dans le Câprier.
Distribution. Préfère souvent les terrains calcaires ; ne s'élève pas, en général, au-dessus de 500 m. d'altitude. France : çà et là, et souvent subspontané ; manque en Bretagne ; très rare dans l'Hérault, les Alpes-Maritimes, etc. Alsace-Lorraine : cà et là. Suisse : çà et là, subspontané ou naturalisé, dans le Valais, le Tessin, aux environs de Neuchâtel, de Grandson, etc.
Europe : Sud de l'Europe et çà et là subspontané ou naturalisé. Hors d'Europe : quelquefois subspontané en Asie et dans le Nord de l'Afrique.