Les arbrisseaux que l'on peut réunir sous ce nom se trouvent dans les haies, les bois, sur les coteaux, sur les rochers ou dans les montagnes. Leur taille est environ de 2 à 5 mètres ; plus rarement ils peuvent devenir de petits arbres de 5 à 7 mètres. Leurs petites fleurs verdâtres, d'un vert blanchâtre ou devenant purpurines, s'épanouissent d'avril à juin, et les fruits sont mûrs en septembre et en octobre.
Le fruit est remarquable par sa forme de capsule à 3 ou 4 angles ; il est ordinairemçnt rose à la maturité et ses graines sont d'un rouge orangé très vif. Les feuilles sont opposées, ovales, à court pétiole, sans poils et d'un vert assez mat. Les fleurs d'une odeur assez désagréable, sont groupées en petites grappes complexes, latérales, généralement opposées. Les jeunes rameaux sont lisses, verts ou d'un rouge brun ; la tige et les rameaux plus âgés deviennent ensuite gris ou brunâtres.
Le bois est compact, uniforme, d'un jaune clair. Les radicelles sont blanches, sinueuses et forment parfois des bourgeons adventifs. (On observe assez rarement des exemplaires à fruits presque blanchâtres et à graines blanches ; plus rarement des rameaux à feuilles alternes).
Le type principal se reconnaît à ses fleurs verdâtres ou d'un vert blanchâtre, ne devenant pas purpurines, ordinairement groupées par 2 à 5, ayant généralement 4 pétales, et à ses rameaux qui, le plus souvent, portent dans leur longueur 4 arêtes plus ou moins saillantes. Les étamines ont presque toujours des anthères à deux loges distinctes et s'ouvrant en long.
Noms vulgaires. En français : Fusain, Bonnet-de-prêtre, Bonnet-carré, Bonnet-de-cardinal. En allemand : Pfaffenhütchen, Spindelbaum. En alsacien : Pfaffenkäple, Pfaffenhütle. En flamand : Papenmuts, Kardinaalsmuts. En italien : Fusaggine, Fusino, Silio, Evonimo, Beretta-da-pretè. En anglais : Spindle-tree.
Usages et propriétés. Cultivé comme arbuste ornemental. Le bois du Fusain, fétide à l'état frais, jaune ou blanc, sert en marqueterie et est usité pour fabriquer divers objets tels que fuseaux, aiguilles à tricoter, vis diverses, lardoires, cure-dents, etc. Le bois, carbonisé en vase clos, produit un bon charbon pour fabriquer la poudre de chasse ; les rameaux, carbonisés dans des tubes de fer, servent à fabriquer le « fusain » qui est utilisé pour le dessin. La substance rouge des excroissances du tégument des graines est employée pour teindre les cuirs dits « maroquins ». Les fruits sont acres et vénéneux, purgatifs et émétiques ; ils sont employés extérieurement contre les parasites et contre la gale des animaux domestiques. L'écorce est tonique.
Les graines renferment un glucoside, l'évonymine, de l'émulsine et 28 % d'une huile grasse. Les feuilles peuvent servir à préparer de l'alcool méthylique par distillation. Les fruits, et surtout les racines, contiennent de l'acide citrique, de l'acide malique et de l'acide vinique.
Distribution. Le type principal ne s'élève guère à plus de 700 m. d'altitude ; la sous-espèce E. latifolius, plus spéciale aux montagnes, a une extension en altitude ordinairement limitée entre 500 m. et 1.300 m. ; on la trouve jusqu'à 1.600 m. d'altitude dans les Alpes-Maritimes. France : le type principal est commun dans presque toute la France ; la sous-espèce E. latifolius se trouve dans le Jura, les Alpes, les montagnes de Provence et de l'Aveyron ainsi que dans les Pyrénées-Orientales. Suisse : le type principal est commun aux basses altitudes ; la sous-espèce E. latifolius est assez répandue dans les Alpes de Suisse, sauf dans le Valais. Belgique : le type principal est assez commun dans les Régions hesbayenne, houillère et jurassique ; rare ailleurs.
Europe : presque toute l'Europe jusqu'au Sud de la Suède. Hors d'Europe : Asie septentrionale et occidentale ; Nord de l'Afrique.
On a décrit 1 sous-espèce et 4 variétés de cette espèce. La sous-espèce est la suivante :
E. latifolius Scop. (F. à larges feuilles). Fleurs généralement groupées par 7 à 20, à 5 pétales assez arrondis qui deviennent un peu purpurins quand les fleurs sont passées ; jeunes rameaux plus ou moins arrondis ; étamines dont l'anthère est souvent à deux loges confluentes et s'ouvrant par une fente transversale ou au sommet. Les fruits sont le plus souvent à 5 arêtes et, à la maturité, ils deviennent pourpres et sont portés alors sur des pédoncules rouge-de-sang. Malgré ces caractères assez nettement différents de ceux du type principal, Evonymus latifolius présente quelquefois des plants, n'ayant aucun signe d'hybridité, qui font voir assez souvent divers rapprochements avec le type principal, tels que fleurs à 4 pétales peu arrondis, étamines dont l'anthère est à deux loges distinctes, etc. (Montagnes : Jura, Alpes, Montagnes de Provence et de l'Aveyron, Pyrénées-Orientales ; Alpes de Suisse).
