Cette gracieuse petite espèce, de 2 à 8 cm. de hauteur, épanouit, en avril et mai ses fleurs blanches veinées de rose, parfois lilas, roses ou bleuâtres, dans les bois humides, les endroits ombragés et les montagnes, dans la plus grande partie de notre Flore. Elle décore les rochers ou le pied des arbres, non seulement au printemps lorsqu'elle fleurit, mais toute l'année, par son élégant feuillage.
On reconnaît cette espèce aux rameaux fleuris qui ne portent chacun qu'une seule fleur et qui s'insèrent près du sommet des ramifications des tiges souterraines. Les feuilles, longuement pétiolées, sont également toutes directement attachées sur les rameaux souterrains ; lors de la chute des feuilles, les pétioles se rompent un peu au-dessus de leur base, et il reste sur les tiges souterraines de petites aspérités qui sont formées par ces parties inférieures, et demeurées vivantes, des pétioles des feuilles tombées. Le limbe des feuilles est formé de 3 folioles presque égales entre elles, en forme de cœur, et portées à leur base par un très court pétiole secondaire. Le calice a ses 5 sépales réunis entre eux à leur base et les parties libres des sépales sont obtuses au sommet ; les pétales ont 4 à 5 fois la longueur des sépales. Après les fleurs printanières, se produisent des fleurs sans pétales ou presque sans pétales et qui produisent des fruits, tandis que les fleurs à corolle développée n'en forment que rarement. Le fruit est à 5 angles, sans poils, ovale presque globuleux et a environ 2 fois la longueur du calice persistant. A la maturité, les graines sont projetées assez violemment ; on peut provoquer cette projection des graines en pressant le fruit entre les doigts.
C'est une plante vivace, à saveur acide, à tiges souterraines développées, grêles et allongées portant de très petites feuilles réduites à des écailles charnues. On a décrit chez cette plante trois formes de fleurs différentes, la même forme se rencontrant toujours dans toutes les fleurs d'un même pied. Dans l'une de ces formes, le développement des étamines prédomine sur le pistil ; dans une autre, c'est au contraire le pistil qui est plus évolué que les étamines ; la troisième forme est intermédiaire. (On observe parfois des échantillons dont les feuilles sont à folioles très inégales).
Noms vulgaires. En français : Pain-de-coucou, Alléluia, Surelle, Oseille-de-bûcheron, Oseille-de-brebis, Oseille-de-lièvre, Herbe-de-bœuf. En allemand : Sauerklee, Buchampfer, Buchbrod, Weisses-Mehlerkraut, Hasensalat, Kuckucksklee, Gauchklee. En flamand : Surke, Sulker, Hazeclaver, Hazesurkel. En italien : Acetosa-minore, Acetosella, Aleluja, Passola, Pancuculo, Sollecciola, Erba-lujula. En anglais : Cuckoe-bread, Alleluia, Wood-Sorrell, Stubworte, Soure-trefoile.
Usages et propriétés. Quelquefois consommé comme légume. Parfois cultivé comme plante ornementale pour orner les endroits frais des parcs ou des jardins ; il en existe une variété horticole à fleurs d'un pourpre foncé. C'est la feuille de cette plante qui a été originairement l'emblème de l'Irlande, représentant la Trinité ; plus tard, on lui a substitué une feuille de Trèfle. Les feuilles sont acidulées, rafraîchissantes, antiseptiques, anti-scorbutiques, styptiques et diurétiques, par suite de l'acide oxalique qu'elles renferment. On peut en retirer du « sel d'oseille » qui est de l'oxalate de potassium.
Distribution. Peut s'élever jusqu'à 1.800 m. d'altitude, sur les montagnes. France : commun ou assez commun suivant les contrées ; rare dans la Région méditerranéenne et dans certaines contrées, comme le Finistère et la Sarthe par exemple. Alsace-Lorraine : très commun. Suisse ; commun. Belgique : commun ou assez commun ; assez rare dans la Région campinienne ; manque dans la Région littorale.
Europe : presque toute l'Europe. Hors d'Europe : Asie, Amérique du Nord.