Cette espèce, si curieuse par la forme de ses fleurs et par le mode brusque d'ouverture de ses fruits, croît dans les montagnes, les forêts, les bois et dans les endroits ombragés d'une grande partie de notre Flore. Sa taille varie de 10 à 70 cm. ; ses fleurs s'épanouissent en juillet et août. C'est une plante d'un vert clair, sans poils, à tiges presque charnues, parfois blanchâtres, renflées aux nœuds. Les feuilles sont simples, pétiolées, à limbe ovale-allongé et plus ou moins irrégulièrement denté sur les bords ; les feuilles inférieures sont obtuses au sommet, les supérieures sont aiguës. Les fleurs, ordinairement groupées par 3 à 6, sont comme suspendues en berceau sur des pédoncules un peu courbés ; les deux grands sépales colorés en jaune, souvent ponctués de rouge en dedans, forment la partie la plus visible de la fleur. A côté des fleurs grandes et développées, à éperon courbé, se trouvent latéralement des fleurs à demi avortées ; parfois toutes les fleurs sont plus ou moins avortées, c'est-à-dire à sépales et à pétales très petits, ou non développés ; ces petites fleurs vertes produisent d'ailleurs des fruits bien constitués. Le fruit est allongé, devient pendant, et porte 5 côtes dans sa longueur. Ce fruit s'ouvre d'une façon très particulière ; ses parois restent charnues et, avant de s'ouvrir, les 5 valves restent accolées par des lignes où les parois du fruit sont très peu résistantes. On a constaté qu'à ce moment, le suc qui remplit les cellules de la face interne des valves atteint une pression notablement plus forte que sur leur face externe, d'où la brusque courbure qui se produit vers l'extérieur dès que les valves sont séparées les unes des autres. Lorsque le fruit est près d'être mûr, le moindre contact suffit pour provoquer cette ouverture d'un mode spécial ; le mouvement des valves, se recourbant, projette les graines à une assez grande distance, ce qui facilite la dissémination.
C'est une plante annuelle, à racine principale développée. Lorsque les graines germent, l'axe de la plantule, au-dessous des cotylédons, s'allonge beaucoup et s'épaissit ; puis la racine principale s'atrophie, l'axe de la plantule se couche alors sur le sol et produit des racines adventives ; c'est de là que part la tige fleurie. Cette plante ne croît que dans les localités où l'atmosphère est calme ou dans le courant d'air régulier voisin des cascades, car le moindre coup de vent casse ses tiges qui sont presque sans fibres ni parties ligneuses, et qui ne se soutiennent que par la pression interne des tissus. (Quelquefois, il y a 4 sépales très développés. La plantule est parfois à 3 cotylédons).
Noms vulgaires. En français : Impatiente, Merveille-à-fleurs-jaunes, Ne-me-louchez-pas, Herbe-de-Sainte-Catherine, Balsamine-sauvage, Balsamine-des-bois Pain-de-coucou. En allemand : Wilde-Balsamine, Judenhütlein, Springsame, Springkraut, Rühr-mich-nich-an, Hirschmelde. En alsacien : Wandkraut. En flamand : Springzaad, Roer-mij-niet. En italien : Erba-impatiente, Sensetiva. En anglais : Touch-me-not, Quick-in-hand.
Usages et propriétés. Cultivé comme plante ornementale. Les fleurs sont visitées par les abeilles qui y récoltent un nectar de bonne qualité. Considéré autrefois comme diurétique et résolutif. Les feuilles contiennent de l'amidon, des sucres et une substance mal étudiée, l'impatiinide.
Distribution. Ne dépasse guère 1.350 m. d'altitude, sur les montagnes. France : contrées montagneuses (rare dans les Hautes-Pyrénées), et çà et là ailleurs ; manque sur le littoral méditerranéen ; très rare dans l'Ouest, très commune sur les terrains granitiques dans la chaîne des Vosges ; manque dans le bassin de l'Eure, etc. Suisse : assez commune. Belgique : assez rare dans les Régions jurassique, houillère et de.l'Ardenne ; rare dans les Régions campinienne et hesbayenne ; manque dans la Région littorale. Europe : Europe septentrionale, centrale et occidentale, ainsi que plusieurs régions montagneuses de l'Europe méridionale. Hors d'Europe : Asie septentrionale et occidentale.
On a décrit 2 variétés de cette espèce. La principale est la suivante :
Variété apetala Rouy et Foucaud (sans pétales). Fleurs vertes à sépales peu développés, à pétales presque complètement avortés. (çà et là, surtout aux basses altitudes).
Remarque : L'Impatiens parviflora DC. est parfois subspontané. On reconnaît cette espèce aux fleurs, groupées par 4 à 10, dont l'éperon n'est pas courbé, à pédoncules raides et dressés, et dont chaque groupe de fleurs égale environ la feuille à l'aisselle de laquelle il se trouve ou même dépasse la longueur de cette feuille.