Hippocastanaceae - - Aesculus hippocastanum (L.)

Maronnier faux-châtaignier

C'est un arbre qui peut atteindre 25 m. de hauteur sur plus de 3 m. 50 de pourtour à 1 m. au-dessus du sol ; on le plante souvent dans les promenades, au bord des routes, dans les villes, et il est quelquefois planté, ou subspontané dans les bois.
Les feuilles opposées, vertes en dessus, plus claires en dessous, sont formées chacune d'un long pétiole qui porte à son sommet 5 folioles ou, plus souvent, 7 folioles, assez brusquement en pointe au sommet, dentées sur les bords, ovales-allongées et longuement rétrécies en angle aigu vers leur base ; les feuilles ont pendant assez longtemps de petits paquets de poils en dessous, à la bifurcation des nervures ; plus tard elles sont sans poils. Les bourgeons sont gros, ovales-aigus, formés d'écailles d'un rouge brun qui correspondent morphologiquement aux pétioles des feuilles ; ces écailles sont opposées, se recouvrent les unes les autres, et sont revêtues d'un enduit visqueux qui contribue a les protéger contre les changements de température. Les inflorescences sont dressées, et les fleurs y sont disposées d'une manière très spéciale, l'inflorescence étant une sorte de grappe composée dont les ramifications sont formées par des portions d'axes successifs portant les fleurs toutes d'un même côté. Les fleurs, odorantes, blanches tachetées de rouge et de jaune, s'épanouissent en avril et mai. La plupart des fleurs de la grappe sont staminées, les autres sont stamino-pistillées et leur pistil se développe avant que les étamines de la même fleur soient ouvertes ; dans toutes les fleurs, les étamines et leurs anthères sont très inégales.
Le fruit, qui mûrit en octobre, est arrondi, relativement gros, presque toujours couvert d'épines régulières, et renferme une ou deux graines brunes et lisses. Ce fruit a l'aspect d'une châtaigne (fruit du Châtaignier), mais n'en a pas la constitution : dans le fruit du Marronnier, l'enveloppe épineuse est formée par les carpelles accrus de l'ovaire et son contenu est constitué par 1 ou 2 graines ; dans la châtaigne, l'enveloppe épineuse est une sorte d'involucre qui entourait les fleurs et son contenu, qui se compose de 2 ou 3 masses brunes, est constitué par 2 ou 3 fruits provenant chacun d'une fleur. Lorsque la graine du Marronnier germe, la plantule et ses cotylédons restent en terre, et la tige principale, portant les premières feuilles qui sont déjà semblables aux feuilles de l'arbre adulte, s'élève seule au-dessus du sol ; cette tige peut atteindre 70 à 80 cm. de hauteur la première année. L'arbre fleurit et fructifie à partir de l'âge de 15 ans environ. L'écorce reste lisse pendant assez longtemps ; ce n'est qu'à un âge assez avancé qu'elle se gerce en longueur et que sa partie externe tombe par écailles peu épaisses et irrégulières.
Il existe, par exemple en Alsace, des arbres de cette espèce ayant plus de 250 ans. Certains Marronniers arrivent à dépasser 30 mètres de hauteur et 5 mètres de circonférence à 1 mètre au-dessus du sol. (On a décrit de nombreuses anomalies de cette espèce. Quelquefois, les pétioles présentent une étroite lame verte, des deux côtés ; plus rarement, cette lame est développée en faux-limbe ; on observe en quelques cas, sur certaines branches, des feuilles non opposées. Les fleurs ont rarement 3 ou 5 pétales égaux avec une symétrie régulière. Les étamines sont parfois transformées en pétales. La graine peut contenir plusieurs plantules et celles-ci ont quelquefois 3 cotylédons).

Noms vulgaires. En français : Marronnier, Marronnier-d'Inde, Châtaignier-de-cheval, Châtaignier-de-mer. En allemand : Sperwe, Rosskastanie, Pferdekastanie, Bitterekastanie, Rosskeste, Saukastanie. En flamand : Paardekastanje, Kastanjeboom, Galnoteleire, Vuistnoteleer. En italien : Castagno-d' India, Castagna-amara, Castagna-cavallina. Eu anglais : Horsechestnuts, Conqueror-tree.

Usages et propriétés. Cultivé comme arbre d'ornement ; il en existe une variété à fleurs doubles ; on cultive aussi Aesculus rubicunda Lois. (Marronnier rouge). Le bois du Mar"onnier est mauvais pour le chauffage., pour les constructions, etc. Il ne peut guère servir que pour fabriquer de la volige pour la layeterie ; c'est un bois très blanc et très tendre, à grain fin, utilisé quelquefois en menuiserie et en ébénisterie. et surtout par les tourneurs ou les sculpteurs ; il est recherché pour fabriquer divers objets destinés à la pyrogravure, car il se gerce très peu et se déforme à peine avec le temps ; on en fait aussi des vases, des corbeilles, des tables de travail, les objets étant ensuite peints à l'huile. Les abeilles récoltent sur les fleurs un nectar abondant et qui donne un miel de bonne qualité. L'écorce du fruit a été employée comme fébrifuge et recommandée, ainsi que l'enveloppe du fruit contre les diarrhées, les catarrhes et contre la phtisie ; l'écorce des fruits est sternutatoire et astringente. Le fruit fournit une fécule presque aussi abondante, pour le même volume, que la fécule de pomme de terre (17,50 % de fécule) qui exige une extraction spéciale, mais assez facile, pour la débarrasser des produits amers contenus dans le marron-d'Inde ; d'ailleurs, la production de ces fruits est trop restreinte, et la culture de l'arbre faite dans ce but serait trop onéreuse, pour que la fabrication de cette fécule, quoique d'une qualité supérieure, puisse être utilisée en grand par l'industrie. On en retire une poudre qui peut servir à fabriquer du savon de toilette. Les animaux sauvages se nourrissent des fruits, malgré leur amertume. On arrive à habituer les chèvres et les moutons à les consommer. L'aesculine, extraite du Marronnier, est employée contre les maladies du cœur. Les feuilles renferment divers glucosides tels que la quercétine et. la quercitrine, L'écorce renferme de l'aesculine qui se dédouble pour produire du glucose. Dans les cotylédons, il y a des saponines, et, entre autres, de l'argyrescine ; on y trouve aussi de la quercitrine, une huile grasse, de l'amidon, du glucose, de la gomme, etc.

Distribution. Originaire de l'Asie-Mineure et du Nord de la Grèce ; a été introduit en 1576 par Charles de l'Ecluse, en Autriche, à Vienne, et en 1615 à Paris par Bachelier, qui l'avait apporté de Constantinople ; c'est de là que seraient venus tous les Marronniers de France ; l'espèce ne prospère pas, en général, au-dessus de 800 m. d'altitude. France, Suisse et Belgique : souvent planté dans les villes, les promenades, au bord des routes, quelquefois subspontané ou naturalisé dans les bois.
Europe : Nord de la Grèce ; planté et parfois naturalisé. Hors d'Europe : Asie-Mineure ; souvent planté dans les diverses régions tempérées ; parfois naturalisé.

Retour Aesculus    >>>

Retour accueil    >>>

Glossaire    >>>