C'est une plante de 10 à 50 cm., qui est très commune dans presque toute l'étendue de notre Flore. Elle épanouit ses fleurs d'un rose pourpré, à teinte vive ou pâle, rarement blanches, depuis le mois d'avril jusqu'au mois de novembre. On la trouve dans des endroits très variés : sur les vieux murs, dans les haies, les décombres, sur les coteaux, dans les bois, les endroits frais ou les terrains secs, les pierriers, les éboulis, etc.
On reconnaît facilement cette espèce à la forme de ses feuilles, à contour général anguleux, dont le limbe est profondément divisé jusqu'à la base en segments distincts amincis vers le bas presque en pétioles secondaires ; ces segments, au nombre de 3 à 5, sont eux-mêmes profondément divisés en lobes. Les fleurs ne dépassent pas, en général, un centimètre de largeur. Le calice, anguleux, dressé, a des sépales s'écartant peu les uns des autres, plus longs que larges, souvent poilus, et non ridés en travers ; les pétales sont entiers et sans poils vers leur base, et leur limbe est souvent strié. Les parties des carpelles qui entourent chaque graine dans le fruit mûr sont ridées en travers et un peu en réseau à leur partie inférieure.
C'est une plante bisannuelle, ordinairement d'une odeur désagréable, presque toujours couverte de poils étalés et, vers le sommet, de poils glanduleux. La plante prend facilement, surtout vers sa base, une teinte rouge, d'un joli effet. Le type principal se reconnaît aux pétales environ 2 fois plus longs que les sépales et dont le limbe est assez brusquement rétréci a la base, aux anthères d'un rouge-orangé et aux stigmates pourprés. (On trouve quelquefois des exemplaires à fleurs verdies, dont les pétales, peu développés, sont réduits à de petites languettes vertes. Plus rarement, le calice est doublé ou les étamines sont sans anthères).
Noms vulgaires. En français : Herbe-à-Robert, Herbe-du-roi-Robert, Bec-de-grue, Epingles-de-la-Vierge, Aiguilles-à-Notre-Dame, Fourchette-du-diable, Herbe-rouge, Chancrée. En allemand ! Rothlaufskraut, Roberts-Storchschnabel, Sankt-Ruprechsts-Kraut, Stinkender-Storchenschafel, Ruprechtsgeranium, Kleine-Schöllwurz. En flamand : Stinkende-Ooievaarsbek, Robbregtskruid. En italien : Erba-roberta, Cicuta-rossa, Geranio-robertiano, Roberziana. En anglais : Herb-robert, Herb-robin.
Usages et propriétés. Rarement cultivé comme plante ornementale pour décorer les rocailles soleilleuses. Les anciens lui avaient donné le nom de Ruberta, Rubertiana (de ruber, rouge), d'où, par corruption, il a été appelé « Hubert », « Robert », puis « Herbe-à-Robert ». La plante fraîche est astringente, vulnéraire et résolutive ; on l'emploie en gargarismes contre les angines ; on l'a utilisée contre les hémorrhagies, les néphrites, les contusions. La racine renferme 19 à 45 % de tanin, des sucres, des gommes, et 1 à 6 % de géranique.
Distribution. Peut s'élever sur les montagnes jusqu'à environ 2.000 mètres d'altitude. France : commun presque partout ; le type principal est assez rare dans certaines contrées telles que la Provence et le Languedoc. Suisse : très commun. Belgique : commun, mais assez rare dans la Région campinienne.
Europe : Presque toute l'Europe. Hors d'Europe : Nord, Ouest et Sud-Ouest de l'Asie ; Nord de l'Afrique ; Iles Canaries et Madère ; Amérique du Nord (introduit d'Europe).
On a décrit 1 sous-espèce, 2 races et 12 variétés de cette espèce. La sous-espèce, les 2 races et la variété la plus intéressante sont les suivantes :
Variété graniticarum Martr.-Don. (des terrains granitiques).
Plante presque sans poils ; tiges grêles, élancées ; sépales sans poils ; carpelles sans poils, (çà et là sur les terrains siliceux ; montagnes schisteuses et granitiques).
G. purpureum Vill. (G. pourpré).
Pétales dépassant peu les sépales et à limbe allant insensiblement en se rétrécissant vers la base, la partie étroite étant plus longue que le reste du pétale ; anthères jaunes, rarement orangées ; stigmates rosés ou rouges. (çà et là, surtout dans le Midi).
G. minutiflorum Jord. (G. à fleurs minimes).
Plante d'un vert foncé ou rougeâtre, à odeur forte, à fleurs d'un rose pâle ; pétales dépassant à peine les sépales ; pédoncules étalés. (Midi, Ouest et Centre de la France et çà et là).
G. modestum Jord. (G. modeste).
Plante d'un vert clair, à odeur peu prononcée, à fleurs d'un rose vif ; pédoncules dressés. (çà et là, assez répandu).