C'est un arbre de taille variable, qui peut atteindre parfois jusqu'à 20 mètres de hauteur, qu'on plante souvent dans les promenades ou le long des routes et qu'on trouve à l'état spontané dans les bois d'une assez grande partie de notre Flore. Les fleurs paraissent en juin et juillet, et les fruits sont mûrs en octobre. On reconnaît cette espèce aux feuilles qui sont mollement velues sur toute leur face inférieure et dont les touffes de poils qui sont à l'aisselle des bifurcations des nervures sont blanchâtres les bourgeons et les jeunes rameaux sont velus pendant l'été et presque sans poils en hiver ; les bourgeons sont revêtus de 3 écailles très distinctes, la troisième embrassant et recouvrant complètement les écailles plus intérieures.
Les fleurs ouvertes ont environ 2 centimètre» de largeur. Le limbe des feuilles est arrondi, avec une pointe au sommet. Les fleurs sont très odorantes, groupées par 2 à 7, et ont un stigmate dressé. Le fruit mûr a des parois épaisses et résistantes. L'écorce est grise et demeure lisse jusqu'à ce que l'arbre ait environ 25 ans, puis il se produit de fines gerçures en long ; beaucoup plus tard, la partie inférieure des arbres âgés est formée de plaques saillantes séparées les unes des autres par des sillons irréguliers. Lorsque la tige principale est coupée ou brisée, il se forme des rejets nombreux qui multiplient l'arbre tout autour de la souche.
Cette espèce peut vivre très longtemps (exceptionnellement ; jusqu'à 1.200 ans) ; certains exemplaires, d'un âge très grand, ont acquis un tronc qui mesure jusqu'à 15 mètres de tour. L'arbre commence à fleurir lorsqu'il a environ une vingtaine d'années. (On trouve parfois des feuilles à limbe divisé en 5 lobes comme ceux des cotylédons ; quelquefois sur la même branche sont des feuilles normales, des feuilles à limbe comme coupé brusquement et d'autres encore à limbe divisé ; certaines variétés à feuilles très divisées en lanières sont cultivées comme curiosité ; parfois les feuilles sont en forme de cornet ou ont un pétiole entouré au sommet tout autour par le limbe. Cette dernière forme de feuilles s'observe surtout dans les taillis de deux à trois ans. Quelquefois, on voit 1 à 4 petites bractées, outre les grandes bractées) celles-ci sont assez souvent libres d'adhérence avec le rameau floral. Il n'est pas rare d'observer des fleurs à 4 sépales et 4 pétales).
Noms vulgaires. En français : Tilleul-de-Hollande, Tilleul-à-larges feuilles, Tilleul-à-grandes-feuilles, Tilleul-femelle. En allemand : Sommerlinde, Graslinde, Frühlinde, Hollandische-Linde. En flamand : Grootbladige-Linde, Lindenboom-Wijken. En italien : Tiglia-femmina, Tiglio-d'estate, Tiglio-d'Olanda. En anglais : Female-lime.
Usages et propriétés. Le bois de l'arbre est de consistance homogène, assez mou et peut se tailler ou se découper dans tous les sens. Il est inutilisable pour les constructions parce qu'il est trop léger et peu résistant, mais il est employé, pour fabriquer des sabots, et utilisé par les ébénistes, les menuisiers, les sculpteurs et les tourneurs. C'est un assez mauvais bois de chauffage. L'écorce de Tilleul contient un grand nombre de fibres ; c'est pourquoi on l'utilise, surtout en Russie, pour fabriquer des cordes, du fil assez épais et des toiles grossières, des nattes, des tapis, des paniers, des chapeaux, etc. Les abeilles recueillent sur les fleurs un nectar abondant ; le Tilleul est un arbre mellifère important, d'autant plus qu'il fournit encore en été une miellée, souvent aussi recueillie par les abeilles, et qui provient de la piqûre des feuilles à leur face inférieure par un acarien ( Tetrarhynchus telarius), qui a l'inconvénient de provoquer souvent la chute précoce des feuilles. Le nectar des fleurs se forme à la base de la partie interne des sépales et provient d'une accumulation de sucres à la base de la fleur. On cultive souvent cette espèce comme arbre d'ornement, à cause de son ombrage frais et de l'odeur de ses fleurs ; on en borde les allées, soit en taillant les arbres régulièrement, soit en les laissant se développer librement, dans les jardins, les parcs, les promenades, au bord des routes ou des rues ; le Tilleul était un arbre sacré chez les Celtes et chez les Germains. La tradition d'un « Tilleul communal » s'est encore maintenue dans un grand nombre de villages. Les feuilles de Tilleul fournissent un bon fourrage, recherché par les animaux. Les fleurs de Tilleul ont une saveur douce et mucilagineuse ; elles sont calmantes, sudorifiques et antispasmodiques. On les emploie en infusion contre un grand nombre d'affections (on ne doit pas mettre les bractées dans l'infusion parce qu'elles contiennent beaucoup de tannin). On associe souvent au Tilleul des feuilles d'oranger et des fleurs de camomille. Les feuilles et l'écorce servent à préparer des lotions et des décoctions émollientes. L'écorce renferme un glucoside, la tiliadine (C21 H32 O2, d'après Braütigam) ; les feuilles contiennent en assez grande proportion du saccharose, du sucre interverti et un glucoside nommé tiliacine ; les fleurs renferment des sucres, du tannin, et des acide tartrique et malique, de la cérasine et une huile essentielle spéciale ; la miellée qui tombe des feuilles contient du saccharose, du sucre interverti et de la dextrine ; on peut extraire des graines de 45 à 58 pour cent d'une huile siccative et assez analogue 6 l'huile d'amandes
Distribution. Peut s'élever jusqu'à 1.300 m. d'altitude dans le Massif de la Chartreuse et jusqu'à 1.400 m. dans les Pyrénées-Orientales ; atteint 1.600 m. d'altitude dans le Valais. France : souvent planté au bord des routes et dans les promenades ; spontané dans l'Est, le Sud-Est, le Languedoc, le Centre, les Environs de Paris, les Pyrénées ; çà et là, rare ailleurs ; manque sur le littoral de la Région méditerranéenne. Suisse : assez commun ; moins répandu dans la Suisse occidentale et le Tessin. Belgique : assez commun dans les Régions calcaire et jurassique) rare dans la Région de l'Ardenne.
Europe, : Europe centrale, Angleterre, Europe méridionale. Parfois planté ailleurs. On a décrit 1 race et 2 variétés de cette espèce.