Violaceae - - Viola odorata (L.)

Violette odorante

Les plantes que l'on peut réunir sous ce nom se reconnaissent à leurs pétales dont, en général, l'inférieur seul est nettemenl échancré, les 4 autres pétales étant entiers ou très peu échancrés au sommet ; les fleurs sont plus ou moins odorantes, souvent à odeur très prononcée. La forme la plus commune croît dans toute la France, dans les haies, les bois, les endroits herbeux, les pelouses, et épanouit ses fleurs odorantes violettes, lilas, violacées ou blanches, parfois depuis la fin de février, en mars et jusqu'au mois de mai. On cultive aussi très souvent cette plante dans les jardins. Elle produit, en été, de petites fleurs soit sans pétales, soit à un ou deux pétales très réduits, qui restent fermées et qui donnent des fruits. Les feuilles ou les pédoncules ont de 3 à 25 cm. de hauteur. Les stipules de ces plantes sont presque toujours très aiguës et bordées de cils plus ou moins longs. Les fruits sont ordinairement couverts de poils courts.
On ne voit jamais de tiges aériennes développées et produisant des pédoncules à diverses hauteurs. Les tiges sont le plus souvent de deux sortes ; il y a, dans tous les cas, des tiges souterraines portant vers le haut des feuilles et des pédoncules floraux ; ces tiges, lorsqu'elles ne sont plus très jeunes, ont un revêtement écailleux, serré, formé par les cicatrices et les débris des rosettes de feuilles successives.
Le type principal et quelques autres formes présentent aussi des tiges rampantes et allongées qui s'enracinent, formant des rejets qui multiplient la plante.
Chez ces formes, la développement général de la plante se fait comme il suit. A la fin de sa germination, la plante enracinée forme une première rosette de feuilles au sommet d'une tige ; des bourgeons situés de côté donneront naissance le plus souvent à des tiges rampantes se terminant aussi chacune par une rosette de feuilles, et, à l'aisselle des écailles de cette nouvelle tige, vers son sommet, se produisent de nouveaux bourgeons donnant encore des rejets rampants, et ainsi de suite. Lorsque ces rejets ne se produisent pas, la plante se perpétue par des bourgeons qui donnent un court rameau souterrain dressé (Chmielewski).
Quand les plantes, issues de germination, fleurissent pour la première fois, les petites fleurs sans pétales ou ayant 1 à 2 pétales réduits apparaissent les premières ; plus tard, ces fleurs ne se produisent, au contraire, qu'après les fleurs colorées. (On a décrit un grand nombre d'anomalies de cette espèce. Les principales sont la cohérence de pédoncules floraux, la production de fleurs régulières à 5 pétales munis d'éperons, la formation de sépales plus grands portant des rudiments d'ovules, la formation de fleurs a 4 sépales, 4 pétales et 4 étamines, d'intermédiaires entre les fleurs colorées et les petites fleurs fermées). Le type principal se reconnaît à ses nombreux rejets rampants, à ses fleurs odorantes, à l'éperon du pétale inférieur qui est plus long que les appendices des sépales, à ses stipules bordées de cils qui sont plus courts que la moitié de la largeur de la stipule.

Noms vulgaires. En français : Violette, Violelle-de-mars, Violette-des-haies, Viole-de-Carême. En allemand : Veilchen, Märzveilchen, Märzviole, Blaue-Viole. En alsacien : Veiloten, Merzviolen. En flamand : Welrickende-Viool, Violetje. En italien : Viola, Mammola, Viola-zopa. En anglais : Sweet-violet.

Usages et propriétés. Cette espèce, à l'état simple ou sous les diverses formes qu'on a obtenu en horticulture, est non seulement cultivée comme plante d'ornement dans les jardins et sous châssis, mais aussi en plein air, dans les champs, surtout dans la Région méditerranéenne d'où on expédie les fleurs dans les contrées situées plus au Nord où elles se vendent avant que les Violettes de la contrée aient encore fleuri.
La culture des Violettes fait l'objet d'un commerce très important. Parmi les variétés à fleurs doubles, celle désignée sous le nom de «Violette de Parme» est une des plus connues ; certaines variétés fleurissent toute l'année.
Les abeilles peuvent recueillir le nectar au premier printemps, surtout lorsque les Bourdons sauvages ont percé l'éperon.
Avec les fleurs, on prépare les parfums de Violette et aussi le «sirop de Violette», teinture bleue qui verdit sous l'action des alcalis. Les fleurs de Violettes font partie des fleurs pectorales ; elles sont adoucissantes et calment la toux ; les parties souterraines sont usitées parfois comme vomitives et purgatives, mais ces propriétés sont peu développées ; les feuilles fraîches sont émollientes et employées en cataplasmes ; les fleurs sont employées en infusion comme sudorifiques.
On a retiré des tiges souterraines un principe âcre nommé violine qui leur donne leurs propriétés émétiques. On a extrait des fleurs une substance qui est un acétone appelé Iron (C13 H20 O), d'où l'on a tiré l'ionon, substance très voisine qui peut être obtenue directement et reproduire ainsi très exactement le parfum de la Violette (Tiemann).

Distribution. Certaines formes peuvent atteindre jusqu'à 2.300 m. d'altitude. France : commun ou assez commun presque partout. Suisse : commun. Belgique : assez commun sauf dans la Région hesbayenne où il est assez rare et les Régions campinienne, littorale et de l'Ardenne, où il est rare.
Europe : Presque toute l'Europe. Hors d'Europe : Asie (sauf l'Asie orientale)) Nord de l'Afrique, Iles Canaries ; cultivé et subspontané dans presque toutes les contrées du globe.

On a décrit 5 hybrides soit entre cette espèce et l'espèce 312 Viola hirla, soit entre diverses formes de Viola odorata. On a décrit 3 sous-espèces, 5 formes, 4 variétés et 3 sous-variétés de cette espèce. Les principales sont les suivantes :

V. sepincola Jord. (V. des haies).
Plante à rejets très courts, ne s'enracinant pas ; fleurs d'un violet bleuâtre, blanches à la base des pétales, à odeur très faible ou sans odeur ; feuilles assez allongées, souvent en pointe au sommet. (çà et là, commun).

V. floribunda Jord. (V. à nombreuses fleurs).
Plante à rejets allongés rampants et s'enracinant ; fleurs nombreuses d'un beau violet, à odeur douce ; éperon recourbé en bec au sommet ; fleurs d'un beau vert. (çà et là, commun).

V. suavis M. Bieb. (V. suave).
Fleurs très odorantes, d'un bleu violet, à pétales blancs dans leur moitié inférieure, les 2 pétales situés de côté très peu barbus ; pédoncules sans poils ; stipules bordées de cils plus courts que la moitié de la largeur de la stipule ; feuilles luisantes. (Rare : environs d'Angers, de Clermont-Ferrand, de Saint-Geniez dans la Haute-Garonne ; Jura).

V. alba Bess. (V. blanche).
Fleurs un peu odorantes, à pétales blancs, jaunes vers la base ou à pétales d'un bleu violacé ou encore à pétales violets mais blancs vers la base (très exceptionnellement à pétales verts) ; rejets rampants très peu allongés et fleurissant l'année même de leur production ; stipules bordées de cils qui ont à peu près en longueur la largeur de la stipule ; les 4 pétales supérieurs sont inclinés en dehors ; le pétale inférieur, largement échancré, porte un éperon légèrement aplati et un peu recourbé à l'extrémité, très rarement presque aigu. (çà et là dans l'Est, le Centre et le Midi de la France ; parties les plus chaudes de la Suisse. Préfère les terrains calcaires).

V. scolophylla Jord. (V. à feuilles sombres).
Feuilles d'un vert foncé, souvent en partie à teinte d'un violet noirâtre, ayant d'assez longs poils en dessous ; pétale inférieur à éperon bleu violacé. (çà et là dans la Suisse, l'Est de la France, le Centre et le Sud-Ouest).

V. esterelensis Chanay et Milière (V. de l'Esterel).
Fleurs peu odorantes, à pétales blancs, bordés et striés de violet. Les fleurs qui s'ouvrent en été ont des pétales, mais sont 3 fois plus petites que les fleurs du printemps. (Très rare ; l'Esterel).

V. collina Bess. (V. des collines).
Fleurs odorantes, d'un violet pâle ; pétale inférieur terminé par un éperon obtus ; feuilles à limbe vert en dessus et poilu-grisâtre en dessous ; stipules bordées de cils qui égalent presque en longueur la largeur de la stipule ; pédoncules plus ou moins recouverts de petits poils ; pas de rejets rampants, mais tige souterraine ramifiée. (çà et là dans les forêts de la zone subalpine, dans les Alpes, les Corbières et les Pyrénées montagnes de l'Ariège ; Suisse).

Retour Viola    >>>

Retour accueil    >>>

Glossaire    >>>