Les plantes que l'on peut réunir sous ce nom se reconnaissent principalement à leurs pétales ordinairement tous échancrés, les deux latéraux très barbus, et à leurs stipules entières ou presque entières, bordées de cils qui sont plus courts que la largeur de la stipule. On les trouve sur les coteaux, dans les bois, les taillis, les forêts, les pâturages, dans presque toutes les contrées de notre Flore, qu'elles égaient, en mars, avril et mai de leurs fleurs d'un beau bleu violacé, violettes ou rarement blanches ; plus tard apparaissent de petites fleurs soit sans pétales soit à un ou deux pétales extrêmement réduits ; ces fleurs tardives restent fermées, et produisent des fruits. Les pédoncules ou les feuilles ont de 3 à 20 cm. de hauteur. Le pétale inférieur a un éperon un peu en forme de cône et plus long que les prolongements des sépales. Le fruit est presque globuleux et très souvent velu.
Les feuilles ont en général un limbe un peu plus long que large, en forme de cœur renversé, crénelé tout autour, plus ou moins couvert de poils sur les deux faces, parfois à poils peu nombreux.
Ce sont des plantes vivaces dont la tige souterraine se ramifie ; chaque rameau souterrain produit à son exlrémilé supérieure des rosettes de feuilles successives. Ces rosettes laissent sur la tige des cicatrices et des débris qui en s'accumulant d'année en année finissent par former sur la tige un revêlement écailleux très serré. Au printemps, de nombreux bourgeons apparaissent entre ces écailles. Ces plantes peuvent se multiplier aussi par division de la tige souterraine ; il arrive, très rarement, que les tiges souterraines produisent un rameau horizontal rampant. 11 n'y a jamais chez ces plantes de tiges aériennes développées et portant des pédoncules à diverses hauteurs. A l'ombre des bois touffus ou des grands taillis, tous les pieds de cette espèce finissent par périr ; aussi, dans les jeunes taillis, les plants de Viola hirta sont-ils tous issus de germination. (On observe parfois des fleurs qui ont 2, 3, 4 ou 5 pétales terminés en éperon, recevant chacun un appendice de l'étamine correspondante). Le type principal se reconnaît à ses fleurs qui n'ont absolument aucune odeur de Violette, à ses feuilles velues sur les deux faces et à ses fruits très poilus.
Noms vulgaires. En français : Violette-folle, Violette-sans-odeur. En allemand : Wilde-Veilchen. En alsacien : Wilde-Veiloten, Rossviolen. En flamand : Boschviool, Boschvioletten. En italien : Viola-salvatica. En anglais : Horse-violet.
Usages et propriétés. Quelquefois plantée dans les parcs. Au point de vue chimique, les fleurs ont sensiblement les mêmes propriétés que celles de l'espèce Viola odorata.
Distribution. Peut s'élever jusqu'à plus de 2.000 m. d'altitude, dans les montagnes. France : Commun presque partout ; assez rare dans la Région méditerranéenne ; manque en beaucoup de points du littoral de la Médilerranée. Suisse : commun. Belgique : commun sauf dans les Régions hesbayenne, campinienne, littorale et de l'Ardenne.
Europe : Presque toute l'Europe. Hors d'Europe : Asie septentrionale et occidentale.
On a décrit 2 sous-espèces, 10 variétés et 4 sous-variétés de cette espèce. Les deux sous-espèces sont les suivantes :
V. sciaphila Koch. (V. de l'ombre).
Feuilles ayant çà et là des poils très courts, largement en cœur renversé ; les feuilles inférieures ont un limbe à peu près aussi large que long ; fleurs ayant une odeur légère ; pédoncules sans poils ou presque sans poils ; fruits sans poils. (Jura, Alpes, Pyrénées ; Suisse).
V. thomasiana Perr. et Song. (V. de Thomas).
Limbes des feuilles à peine en cœur renversé, souvent comme coupés à la base, à poils tres courts ; fleurs odorantes, lilas ou d'un violet rougeâtre ; stipules longuement en pointe ; fruits couverts de poils courts. (Alpes de Suisse ; rare dans les Alpes de Savoie et du Dauphiné).