C'est une grande plante, de 60 cm. à 1 m. 50, qui épanouit ses grappes rameuses de petites fleurs blanches, de juin à août, au bord des cours d'eau, dans les prés, dans les endroits ombragés ou humides, et qui est parfois cultivée dans les potagers. On reconnaît cette espèce à ses feuilles sans poils, glauques, grisâtres, celles du milieu de la tige de 3 à 7 crn. de largeur, celles de la base à long pétiole, et pouvant atteindre 15 à 20 cm. de longueur ; toutes ces feuilles sont enlières ou à peine déniées. Les feuilles qui sont le long de la tige ne l'embrassent pas par leur base ; elles sont à pétiole court ou sans pétiole, à limbe aigu vers le bas. Les fleurs sont petites, et n'ont pas plus de 3 millimètres de largeur lorsqu'elles sont épanouies ; les fruits sont très finement poilus et n'ont pas plus de 2 millimètres de largeur. C'est une plante vivace, dont la tige souterraine a des rameaux assez allongés, et qui se perpétue et se multiplie par des bourgeons adventifs souterrains qui naissent sur les racines.
Noms vulgaires. En français : Grande-Passerage, Chasse rage, Herbe-au-poivre, Poivrée, Moutarde-des-Anglais. En allemand : Pfefferkraut, Pfeffer-Fleichskraut. En flamand : Peperkruid, Peperkers. En italien : Lepidio, Erba-pepe, Peperella, Erba-mostardina. En anglais : Passerage, Pepperwort, Dittander, Dittany.
Usages et propriétés. Bon fourrage pour les ruminants. Utilisé dans le Midi pour éloigner les insectes parasites. Pasteur a constaté expérimentalement que cette plante n'a aucun effet sur la maladie de la « rage ». Possède une saveur poivrée, acre et pénétrante ; très stimulant et antiscorbutique ; dangereux souvent par son action trop grande ; a été employé pour rubéfier la peau, pour guérir la bronchite, l'asthme, pour modérer les palpitations du cœur.
Distribution. Ne s'élève pas sur les montagnes. France : assez commun dans beaucoup de contrées de France ; rare dans le Sud-Est et dans une grande partie du Midi ; de distribution très inégale: par exemple très rare dans une grande partie de la Normandie et aux environs du Mans, très commun au contraire dans toute l'île Molène (en Bretagne). Suisse : rare ; naturalisé ou subspontané sur les rochers humides ou sur les vieux châteaux : Genève, Sion, Fribourg, Bâle, Coire, etc. Belgique : Régions houillère, hesbayenne et littorale, où il est très rare, et probablement introduit.
Europe : spontané, introduit ou naturalisé dans presque toute l'Europe. Hors d'Europe : Asie ; Nord de l'Afrique ; Mexique (introduit d'Europe).
Remarque :
Le Lepidium perfoliatum L., à grandes feuilles entières, ovales, en cœur renversé, embrassant la tige à la base par 2 grands lobes, à fruits faiblement échancrés ; est rarement introduit, notamment en Belgique.