Cette plante à fleurs jaunes est facile à reconnaître par ses feuilles divisées dont chaque division principale rappelle un peu la forme d'une feuille de Chêne ; ces feuilles sont molles, d'un vert glauque en dessous ; les divisions se rejoignent plus ou moins entre elles par leurs bases, sur les côtés du pétiole principal.
C'est une plante très commune sur les murs, dans les endroits incultes, les décombres, les haies, sur les bords des chemins ou des champs. Elle a, en général, de 20 à 80 cm. de hauteur, et fleurit depuis le mois d'avril jusqu'au commencement d'octobre ; les fleurs sont groupées (par 2 à 7 le plus souvent) en ombelles simples ; une étude attentive du développement et la comparaison de nombreux échantillons fait voir que cette ombelle simple peut être considérée comme une grappe contractée. Les sépales sont jaunâtres, ou d'un vert jaunâtre, les pétales sont jaunes. Le fruit mûr ne dépasse pas ordinairement 4 cm. de longueur sur environ 2 à 3 mm. de largeur il est plus ou moins irrégulièrement bosselé par suite du développement des graines qu'il contient et sa surface est sans poils. C'est une plante qui peut vivre pendant d'assez nombreuses années. A la longue, il se produit des destructions partielles dans les tissus des vieilles racines qui prennent alors l'apparence d'un réseau allongé, et la plante finit par mourir, à cause de l'altération de ses racines.
C'est donc une plante pérennante et non une plante vivace. Il s'écoule de la plante, lorsqu'on la brise, un latex, suc jaune ou un peu orangé, qui prend une teinte plus foncée au contact de l'air.
Noms vulgaires. En français : Éclaire, Grande-Éclaire, Herbe-de-Sainte-Claire, Herbe-aux- verrues, Herbe-de-l'hirondelle, Herbe-aux-boucs. En allemand : Schellwurz, Schellkraut, Augen-kraut. En flamand : Groote- Gouwe, Celiadone, Oogenklaer. En italien : Cienerognola, Erba-da-porri, Erba-da-volatiche, Erba-nocca, Hirundinaria. En anglais : Celandine, Swallow-wort, Devil's-milk
Usages et propriétés. Peut servir à orner les parties agrestes des parcs et des grands jardins ; prospère dans les endroits ombreux et humides et y acquiert un aspect plus ornemental qu'aux localités ensoleillées. On cultive aussi quelquefois dans les jardins la race laciniatum. On connaît aussi une forme à fleurs doubles. C'est une plante acre et caustique. Le suc jaune de la plante est employé pour détruire les verrues ; étendu d'eau, il a été usité contre les ophtalmies (d'où le nom d'Éclaire) ; le suc, employé à petite dose, est purgatif et vomitif. On en a extrait divers alcaloïdes : la chélidonine (C20 H19Az O5), la chélérythrine (C21H17 Az O4) qui se trouve surtout dans les racines fraîches et les jeunes fruits ; on y a trouvé aussi de l'acide chélidonique, de la prolopine et de la berbérine ; ce dernier alcaloïde est également contenu dans les Berbéridées et dans plusieurs Renonculacées. Vénéneux, à forte dose.
Distribution. Ne s'élève pas à une grande altitude dans les montagnes. France : commun (moins abondant et parfois manquant sur une assez grande étendue, dans la région méditerranéenne). Suisse : commun, sauf sur les hautes montagnes. Belgique : commun, sauf en certaines parties des Régions littorale et campinienne.
Europe : Presque toute l'Europe, sauf les régions arctiques. Hors d'Europe : Iles Açores. Canaries et Madère, Nord de l'Afrique, Asie, Amérique du Nord (probablement introduit d'Europe).
On a décrit une race et deux variétés de cette espèce. La race est la suivante :
C. laciniatum Mill. (G. lacinée).
Feuilles à divisions principales qui sont elles-mêmes profondément divisées, à dernières divisions plus ou moins aiguës ; pétales le plus souvent divisés ou dentés sur leurs bords, (çà et là en France et en Belgique ; rare). La variété crenatum Lange (crénelée) (Synonyme : C. quercifolium Thuill.) présente des caractères intermédiaires entre le type principal et la race C. laciniatum.