Les genres de Papavéracées de notre Flore peuvent être reliés en une série assez continue, à l'exception du genre Hypecoum qui doit être placé à part. Le nombre des stigmates, qui indique le nombre des carpelles constituant le pistil est de 20 à 4 chez les Papaver,de 6 à 4 chez les Meconopsis, de 4 à 2 chez les Roemeria et de 2 seulement chez les Glaucium et les Chelidonium. Le fruit des Papaver s'ouvre au sommet par 20 à 4 petites valvules, tandis que celui des Glaucium et Chelidonium s'ouvre sur toute sa longueur par 2 valves seulement.
Les genres Meconopsis et Roemeria viennent se placer entre les deux genres précédents et les Papaver. Le genre Meconopsis se rapproche des Papaver par son fruit peu allongé et qui s'ouvre par 6 à 4 valves incomplètes ; vient ensuite le genre Roemeria où le fruit peut avoir 4 valves complètes, ou 3 valves ou même 2 valves comme chez les Glaucium et le Chelidonium. Les carpelles, cohérents entre eux pour former le pistil, peuvent être complètement réunis par leurs bords ou former des cloisons plus ou moins incomplètes dans l'intérieur de l'ovaire. A ce point de vue, les Glaucium se rapprochent des Papaver par la cloison que présente leur ovaire, à l'intérieur. Les autres genres ont un ovaire sans cloisons, et un passage entre les Papaver et les Meconopsis, ces derniers n'ayant pas de cloisons dans l'ovaire, peut être établi par certains exemplaires de Papaver dubium ou de Papaver hybridum qui ont, exceptionnellement, un ovaire sans cloisons.
Quant au genre Hypecoum, il est intermédiaire, comme on le verra à propos des Fumariacées, entre les plantes de cette famille et les genres Glaucium et Chelidonium dont il se rapproche par les caractères suivants : pétales roulés sur eux-mêmes dans le bouton, pistil à 2 carpelles, à 2 stigmates, fruit étroit et allongé. Mais dans le genre Hypecoum la fleur n'a que 4 étamines au lieu de présenter des étamines nombreuses comme la fleur des autres genres, et il y a une différence de forme et de grandeur entre les 2 pétales extérieurs et les 2 pétales intérieurs. A propos de ce dernier caractère, il faut remarquer qu'en examinant attentivement une fleur de Papaver, on observe souvent une légère différence de largeur ou même de forme entre les 2 pétales externes et les 2 pétales internes.
On voit, en somme, que les divers genres de Papavéracées sont reliés les uns aux autres par des caractères assez importants, et peuvent être disposés en une série qui est précisément dans l'ordre où les genres ont été décrits plus haut.
AFFINITÉS AVEG LES AUTRES GROUPES :
Les Papavéracées se relient très étroitement aux Fumariacées, comme nous le verrons à propos de cette dernière famille. Elles ont aussi des affinités avec les Crucifères et les Cistinées, ainsi qu'il sera dit plus loin.
Il y a aussi quelques rapports entre les Papavéracées et les Nymphéacées, par le grand nombre des étamines à anthères tournées en dedans, par le disque à stigmates rayonnants et par l'ovaire à ovules situés sur les cloisons chez les Nymphaea, Nuphar et Papaver.
Enfin, on a signalé quelques lointaines affinités enlre les Papavéracées, les Renonculacées et les Berbéridées. La plus remarquable est la présence de la berbérine, alcaloïde qui existe dans le Chelidonium majus, dans plusieurs Renonculacées et dans les Berberis.