Les plantes qu'on peut réunir sous ce nom sont cultivées en grand, subspontanées, ou plus rarement spontanées dans le Midi de la France. Elles ont, en général, de 30 cm. à 1 m. 20, sont d'un aspect plus ou moins glauque et portent de grandes fleurs, dont la teinte est violacée, rouge, rosé ou blanche, qui s'épanouissent en mai, juin et juillet.
Le caractère principal est donné par les feuilles moyennes gui embrassent la tige par leur base et qui sont peu profondément divisées, même les feuilles inférieures. Les étamines ont des filets blancs ou blanchâtres, un peu en forme de massue allongée. (On remarque parfois, même chez les fleurs normales à 4 pétales, des pétales portant deux loges d'anthère à leur face inférieure). Le pistil est surmonté de 8 à 16 stigmates. (Les pétales sont parfois découpés en lanières sur les bords). Le fruit est sans poils, globuleux ou ovoïde.
Ce sont des plantes annuelles, à racine principale allongée. Le type principal (Papaver officinale Gmcl.) se reconnaît à son fruit mûr de plus de 5 cm. de largeur et à ses pédoncules peu ou pas poilus.
Noms vulgaires. En français : Pavot, œillette, Pavot-des-jardins, Pavot-blanc (variétés à graines blanches), Pavot-noir (variétés à graines noires). En allemand : Garten-Mohn, Mähen, Mage. En flamand : Heulbloem, Heulzaad. En italien : Papavero, Sdormia. En anglais : Garden-poppy, Chessbolls.
Usages et propriétés. Le type principal (Papaver officinale) dans l'Est de la France, et la race Papaver setigerum. en Belgique et dans le Nord de la France sont cultivés en grand pour leurs graines qui peuvent fournir environ 40 % d'huile (huile d'œillette). En Alsace, on cultive la variété dite « Pavot-aveugle » (var. inapertum) dont les capsules ne présentent pas d'ouvertures. L'huile d'œillette est jaune, très fluide, à odeur de noisette. On donne les graines comme nourriture aux oiseaux. La sous-espèce Papaver hortense est cultivée comme plante ornementale ; il en existe un très grand nombre de variétés, à fleurs simples et à fleurs doubles, colorées de teintes variées, du blanc au brun-noir, en passant par le rose, le rouge et le violet. C'est cette espèce qui fournit l'opium, médicament très important. Pour extraire l'opium, on fait des incisions dans la partie externe des capsules encore un peu vertes. Il s'en écoule un suc laiteux, amer, qui prend, au contact de l'air, une couleur jaune, puis d'un brun-rougeâtre, et qui a la consistance du miel. On malaxe cette substance, et on en fait des pains que l'on met à sécher à l'ombre. Les alcaloïdes sont en proportion variable. Les principaux sont : la morphine (C17 H19 Az O3, d'après Sertuerner), la narcéine (C23 H27 Az O3), la narcotine (C22 H23 Az O7), la papavérine (C20 H21 Az O4), la codéine (C18 H21 Az O3, d'après Robiquet) qui est la méthylmorphine, la thébaïne (C19 H21Az O3). L'opium fait la base du « sirop de Diacode » et du « laudanum », médicaments calmants. A dose assez élevée, il agit d'abord comme stimulant des fonctions intellectuelles, puis détermine un sommeil profond et agité ; à faible dose, il calme les douleurs. C'est dans ce dernier but qu'on emploie la morphine (sous forme de chlorhydrate), à très faible dose. La codéine est employée pour calmer la toux ; elle produit un engourdissement des fonctions cérébrales. On fait aussi usage des capsules non encore mûres (Têtes-de-Pavot) en décoction calmante ; remède dangereux. Vénéneux, par ses fruits.
Distribution. L'origine des variétés ou sous-espèces cultivées paraît être la sous-espèce Papaver setigeram qui se trouve à l'état spontané dans toute la Région méditerranéenne d'Europe, d'Asie et d'Afrique. France : cultivé en grand ou dans les jardins ; subspontané (ou naturalisé : Provence, Aveyron). A l'état spontané : çà et là dans la Région méditerranéenne et dans la vallée du Lot. Suisse : cultivé et subspontané. Belgique : cultivé et subspontané.
Europe : cultivé; spontané dans l'Europe méridionale. Hors d'Europe : cultivé dans les jardins, et, en grand, pour l'huile d'œillette, surtout en Egypte et en Inde. Spontané dans la Région méditerranéenne d'Europe, l'Afrique du Nord, les Iles Canaries et Porto-Santo, l'Ile Maurice, la Bolivie (?).
En dehors du type principal qui forme la sous-espèce Papaver officinale Gmel., on a décrit les deux autres sous-espèces qui suivent :
P. setigerumDC. (P. porte-soie).
Fruit mûr de moins de 4 cm. de largeur ; pédoncules à poils raides ; feuilles poilues et dont les dents sont terminées par un poil raide de 3 à 4 millimèlres de longueur ; fleurs roses, d'un rose violacé ou violettes (Midi).
P. hortense Hussenot. (P. des jardins).
Fruit mûr de moins de 4 cm. de largeur ; pédoncules à poils raides plus ou moins nombreux ; feuilles à dents non terminées par un poil raide de 3 à 4 mm. de longueur. On a décrit 1 hybride entre les deux sous-espèces P. setigerum et P. hortense.