Les plantes qu'on réunit sous ce nom sont très répandues dans les champs et les endroits incultes où elles épanouissent leurs belles fleurs rouges (très rarement violacées d'un rose pâle, plus rarement encore à pétales entièrement blancs) de mai à juillet, refleurissant encore çà et là à la fin de l'été et en automne.
Ce sont des plantes, en général de 20 à 60 cm., quelquefois beaucoup plus petites. On les reconnaît à leurs feuilles moyennes n'embrassant pas la tige par leur base et à la forme de leur pistil ou de leur fruit. Cette forme est globuleuse ou ovoïde, moins de deux fois plus longue que large ; le pistil et la capsule sont sans poils. Les sépales sont couverts de longs poils, les pétales sont ordinairement d'un beau rouge et souvent avec une large tache noire à la base (une même fleur peut avoir à la fois des pétales avec tache noire et sans tache ; on trouve, assez rarement, des pieds ayant toutes leurs fleurs à 3 sépales et 6 pétales ; dans d'autres cas, on peut observer sur une même fleur tous les intermédiaires entre les étamines et les pétales). Les étamines ont des filets étroits, ordinairement rougeâtres, à anthères violacées ou d'un violet noirâtre. Il y a 7 à 12 stigmates rayonnants, sur un disque qui est divisé en lobes tout autour et dont les lobes se recouvrent souvent les uns les autres par leurs bords. Les feuilles sont dentées ou plus souvent divisées, à dents terminées chacune par un poil raide. Ce sont des plantes bisannuelles ou parfois annuelles couvertes de poils rudes.
Le type principal se reconnaît à sa capsule arrondie à la base, globuleuse ou largement ovale, à ses poils étalés, même dans la partie supérieure de la plante, à ses feuilles dont le lobe terminal n'est pas beaucoup plus grand que les autres.
Noms vulgaires. En français : Coquelicot, Ponceau, Poinceau, Pavot-coq; en allemand : Klatschrose, Feuer-Mohn, Klapperrose. En flamand : Klatschrose, Klaproos, Kolbloem. En italien : Bambagelle, Bubloline, Citole, Pastriccia, Reas. En anglais : Copperrose Headwark, Red-poppy.
Usages et propriétés. Mêlé au fourrage, lorsqu'il est trop abondant, le Coquelicot occasionne des empoisonnements chez les bestiaux ou les prédispose au météorisme ; plante à détruire. Un grand nombre de variétés horticoles ont été obtenues par la culture ; les fleurs de ces diverses variétés, simples ou doubles, présentent des coloris très différents. Les pétales sont utilisés en infusion comme adoucissants, sudorifiques, calmants et sont employés contre la toux.
Outre la morphine, on extrait de cette espèce un alcaloïde appelé rhaeadine (C21H21 Az O6). Vénéneux, surtout par le fruit.
Distribution. Paraît avoir été introduit avec la culture des céréales. Peut s'élever jusqu'à 1.700 mètres d'altitude. France, Suisse et Belgique : commun.
Europe : Europe centrale et méridionale; Iles britanniques. Hors d'Europe : Asie (sauf dans la partie septentrionale), Nord de l'Afrique, Iles Canaries et Madère.
On a décrit 6 races et 15 variétés de cette espèce. Il faut d'ailleurs remarquer que d'un semis de graines prises dans un même fruit de cette espèce, on peut obtenir des plantes qui présentent souvent de grandes différences entre elles, quant à la disposition des feuilles, des poils, au nombre des stigmates ou à la forme du fruit.
Citons les races ou variétés suivantes :
Variété violaceum Bréb. (violacé).
Feuilles très divisées; fleurs violacées. (Peu commun).
P. roubiaei Vig. (P. de Roubier).
Feuilles divisées en lanières nombreuses; plante très poilue; fruit ovale, se rétrécissant insensiblement à la base; plante ne dépassant pas. en général, 30 cm. de hauteur (Région méditerranéenne).
P. intermedium Beck, (P, intermédiaire).
Feuilles à segment terminal bien plus grand et plus large que les segments situés sur les côtés de la feuille; fruit ovale. (Assez commun).
P. rusticum Jord. (P. rustique).
Feuilles à segment terminal plus grand que les lobes situés de côté ; ceux-ci sont disposés presque perpendiculairement à la nervure principale de la feuille ; fruit ovale, se rétrécissant insensiblement à la base ; plante couverte de poils étalés dans sa partie inférieure et de poils appliqués dans sa partie supérieure. (Peu commun).
Variété pallidum G. G. (pâle).
Tige très mince, en général de moins de 25 cm. de hauteur, à une seule fleur de teinte pâle. (Assez commun).