RELATIONS ENTRE LES GENRES ET AFFINITÉS DES FOUGĂRES AVEC LES AUTRES FAMILLES.
Les Fougères de notre Flore se répartissent entre 21 genres caractérisés et classés d'après les sporanges, la forme et la disposition des sores, l'absence ou la présence d'indusies.
Le genre Osmunda, type des Osmondacées, peut de suite être mis à part, étant le seul à avoir des sporanges sans anneau, munis d'une petite plaque de cellules à parois épaisses ; cependant l'absence d'indusie crée une relation avec le genre Polypodium et les genres voisins.
Dans tous les autres genres, les cellules à parois épaisses forment un anneau et les genres Hymenophyllum et Trichomanes, qui représentent les Hyménophyllacées, ont l'anneau disposé transversalement par rapport à l'attache du sporange et montrent en outre d'étroits rapports par la disposition de leurs sporanges sur des supports filiformes.
L'anneau est vertical et fait suite au pédicelle du sporange dans les 18 derniers genres qui appartiennent aux Polypodiacées. Parmi eux, les genres Polypodium, Phegopteris, Grammitis, Ceterach, Nothochlaena ont des sores entièrement nus. Le genre Phegopteris, souvent réuni au genre Polypodium qui a comme lui des sores arrondis, n'en diffère guère que par ses feuilles à pétiole non-articulé avec la tige souterraine. Les genres Grammitis, Nothochlaena, Ceterach ont des sores oblongs ou allongés. Le premier a été autrefois rangé avec les Polypodium, tandis que le Ceterach, du fait d'un extrême rudiment d'indusie, est encore parfois classé dans les Asplenium dont il sera question plus loin. Les Nothochlaena et le Ceterach se relient encore par les poils écailleux qui cachent leurs sporanges. Le genre Nothochlaena a, d'autre part, des rapports avec le genre Cheilanthes placé dans un autre groupe par ses sores disposés en ligne sur le bord des feuilles.
Les genres Woodsia et Struthiopteris ont des sores arrondis munis d'une indusie, très fugace dans le Struthio-pteris, formée de poils réunis par la base et naissant au-dessous des sores dans les Woodsia qui montrent par le dernier caractère des rapports avec le genre Cystopteris, dont l'indusie ovale-lancéolée et promptement caduque est de même fixée par la base au-dessous des sporanges. Les Aspidium et Polystichum ont, comme les Cystopteris et les deux genres précédents, des sores arrondis, mais ceux-ci sont munis d'une indusie de même forme qu'eux, entière et fixée par un petit pédoncule central dans le genre Aspidium, tandis qu'elle est échancrée et attachée par le milieu de l'échancrure dans le genre Polystichum. Quatre autres genres ont des sores étroits, plus ou moins allongés et tournés d'un même côté, que protège une indusie de même forme. Ce sont les genres Asplenium, Blechnum, Scolopendrium et Athyrium. Dans les 3 premiers, les sores sont droits, et l'indusie est simple et unilatérale dans les Asplenium et le Blechnum, alors qu'elle est en apparence double et à deux valves dans les Scolopendrium, les sores étant rapprochés deux à deux. Le genre Athyrium, voisin du genre Asplenium, s'en sépare par ses sores courts, plus ou moins arqués, parfois presque en fer-à-cheval, munis d'une indusie de même forme qu'eux. Il montre d'autre part quelques rapports avec le genre Aspidium par le port général.
Fig. 37. Liaisons entre les genres de Fougères. La surface de chaque cercle, correspondant à un genre, est proportionnelle au nombre des espèces que renferme ce genre dans notre Flore. Les traits pleins qui joignent les cercles tes uns aux autres indiquent les liaisons importantes entre les genres et sont d'autant plus courts que ces liaisons sont plus grandes. Les traits pointillés indiquent les liaisons les plus lointaines.
Restent les 4 genres Pteris, Adiantum, Allosorus et Cheilanthes dans lesquels les groupes de sporanges, oblongs ou très allongés, occupent le bord des feuilles qui est plus ou moins replié en dessous pour les protéger, et ce caractère appartient encore au genre Struthiopteris déjà cité qui pourrait prendre place ici.
Dans le genre Pteris, le bord replié est membraneux comme une véritable indusie, ce qui crée une relation avec les genres précédents à sores allongés. Le genre Adiantum présente des groupes de sporanges toujours nettement distincts, tandis que chez les Allosorus et Cheilanthes ces groupes sont finalement réunis en une ligne, plus ou moins discontinue dans le genre Cheilanthes, continue dans le genre Allosorus, ce qui le rapproche du genre Pteris et permet de lui relier le genre Struthiopteris.
Les Fougères et les familles suivantes ont entre elles des rapports qui les ont fait classer dans l'embranchement des « Cryptogames vasculaires ». Celui-ci est, en effet, bien caractérisé par l'alternance régulière, au cours du développement, d'une plante feuillée produisant des spores et d'un prothalle donnant naissance à une nouvelle plante. Mais c'est surtout avec les Marsiliacées et les Ophioglossées que les Fougères offrent, comme nous le verrons, de grandes affinités.