C'est une plante exhalant une assez forte odeur qui rappelle celle de l'ail ; elle est plus ou moins répandue dans la plupart des contrées de notre Flore où on la trouve dans les endroits humides et marécageux. Sa taille varie de 10 à 20 cm, et ses fleurs, purpurines ou lilacées, se montrent depuis le mois de juin jusqu'au mois d'octobre.
Les formes que l'on peut réunir sous ce nom présentent les caractères communs suivants. Les feuilles sont toutes sans pétiole ou presque sans pétiole, plus ou moins poilues, fortement dentées, d'un vert cendré ou un peu violacé, ovales-allongées, de consistance molle ; les feuilles florales sont semblables aux autres et beaucoup plus longues que les fleurs, qui sont disposées en grappes feuillées et presque toutes tournées d'un même côté. Le calice est velu, fortement bossu à la base, dans sa partie antérieure, inséré un peu obliquement sur le pédoncule qui le porte, à dents pointues, presque égales entre elles, plus courtes que le reste du calice. La corolle présente un lobe médian ovale-allongé, beaucoup plus grand que les autres. Les 4 parties du fruit mûr sont brunes, relativement petites, ridées en réseau à leur surface.
Ce sont des plantes vivaces, à tiges couchées dans leur partie inférieure et s'enracinant par des racines adventives, produisant des rejets qui perpétuent et multiplient la plante. Parfois, la plante devient bien plus grande ; les feuilles développées perdent alors presque tous leurs poils et sont bordées de grandes dents ; alors la plante fleurit peu. Le type principal se reconnaît aux feuilles moyennes de la tige principale qui n'embrassent pas la tige par leur base ; aux feuilles des rameaux qui ne sont dentées que dans leur partie supérieure ; aux rejets qui portent le plus souvent des feuilles et non pas seulement des écailles.
Noms vulgaires. En français : Germandrée-aquatique, Germandrée-d'eau, Chamaras, Germandrée-des-marais. En allemand : Knoblauchgamander, Lauchgamander, Wasserbathengel, Wassergamander, Lachengamander, Scordien. En flamand : Water-Gamander, Water-Look, Knoflookgamander. En anglais : Water-Germander, Garlick-Germander, English-Treacle. En italien : Scordio, Erba-Aglio.
Usages et propriétés. La plante fournit une teinture d'un vert jaunâtre, qui, sans mordant, teint la laine en vert serin, avec alun en vert jaunâtre, et, avec sulfate de fer, en vert olive. Cultivé parfois comme plante ornementale. La plante joue un rôle important dans la confection du remède appelé « dioscordium » ; elle est tonique, fébrifuge, stimulante, sudorifique, vermifuge et antispasmodique. La plante renferme une substance spéciale, la scordéine.
Distribution. Ne s'élève pas à une grande altitude sur les montagnes. France : répandu, mais de distribution inégale ; par exemple : rare dans le Nord de la France ; assez rare dans les Ardennes, en Lorraine et en Alsace ; assez rare dans les contrées du Jura (mais manque dans les montagnes de la chaîne jurassique) ; assez commun ou assez rare dans le Nord-Ouest ; assez commun aux Environs de Paris ; çà et là dans l'Ouest, surtout dans la zone maritime ; commun dans la Sarthe et dans une partie de la vallée de la Loire ; rare dans la Sologne et dans la vallée du Loir ; rare dans la Limagne ; manque dans le Cantal et dans le Limousin ; commun dans la Côte d'Or ; assez rare dans le Bassin du Rhône, la Provence, les Alpes-Maritimes, dans l'Aveyron, le Tarn et dans une partie du bassin sous-pyrénéen ; rare dans les Pyrénées ; assez commun dans l'Hérault ; assez rare dans le Gard et l'Aude ; etc. Suisse : assez rare, en général (manque dans les cantons d'Uri, Schwytz, Unterwald, Appenzell, Saint-Gall, Glaris, Lucerne, Zoug et dans les Grisons). Belgique : assez commun dans la Région de l'Ardenne ; assez rare ou rare dans la Région campinienne ; rare dans les Régions hesbayenne, houillère et jurassique ; extrêmement rare dans la Région littorale.
Europe : presque toute l'Europe. Hors d'Europe : Sibérie, Caucase ; la sous-espèce Teucrium scordioides se trouve dans le Sud-Ouest de l'Asie, dans l'Afrique septentrionale et aux Iles Canaries.
On a décrit 1 sous-espèce et 1 variété de cette espèce ; la sous-espèce est la suivante :
T. scordioides Schreb. (G. Faux-Scordium)
Feuilles de la tige principale embrassant la tige et en cœur renversé à leur base ; feuilles des rameaux dentées tout autour et arrondies à leur base ; plante toute velue-soyeuse, à rejets ne portant ordinairement que des feuilles réduites à des écailles, (Région méditerranéenne où il est rare).