Les diverses formes que l'on peut réunir sous ce nom sont des plantes dont la taille peut varier de 5 à 45 cm, qui croissent dans les endroits secs, herbeux, les bois ou sur les rochers, dans les diverses contrées de notre Flore. Les fleurs, d'un bleu-violet, d'un blanc-jaunâtre (très rarement blanches), s'épanouissent depuis le mois de juin jusqu'au mois de septembre.
Toutes ces plantes ont les caractères communs suivants. Les feuilles ont un pétiole (sauf parfois les supérieures), et un limbe dont le contour général est ovale, parfois en forme de fer de hallebarde, à nombreuses nervures visibles, souvent denté ou divisé. La lèvre inférieure du calice est divisée en deux parties au plus jusqu'au milieu de la longueur de cette lèvre. Les nectaires sont très développés et atteignent plus de la moitié de la longueur de l'ovaire. L'inflorescence défleurie est d'un aspect brunâtre caractéristique, dû à l'ensemble des calices bruns et clos.
Ce sont des plantes poilues, vivaces, à tiges dressées ou redressées, qui se perpétuent et se multiplient par les divisions de leur tige souterraine. Des plants, provenant d'un même pied initial, pris en plaine, ont été cultivés, sur le même sol, d'une part au Montanvers et à l'Aiguille de la Tour, sur la chaîne du Mont-Blanc ; d'autre part au col de la Paloume, près du Pic d'Arbizon, dans les Pyrénées ; les échantillons cultivés à ces hautes altitudes, se sont modifiés ; au bout de 20 ans ils produisaient des tiges florifères courtes à feuilles épaisses d'une teinte verte bien plus prononcée, à tissus mieux disposés pour l'assimilation chlorophyllienne, à inflorescence très condensée, à fleurs plus grandes et plus foncées, à tiges souterraines très développées (G. Bonnier). (On a décrit diverses anomalies de cette espèce : groupe supérieur de fleurs distant des autres ; fleurs régulières à 4 sépales, 4 pétales, 4 étamines ; fleurs soudées entre elles ; soudure du calice et de la corolle ; étamines transformées en pétales ; corolle très divisée ; lèvre inférieure de la corolle beaucoup plus grande ; etc.). Le type principal se reconnaît à ses fleurs de 6 à 14 millimètres et d'un bleu-violet (très rarement blanches) ; aux feuilles et aux tiges couvertes de petits poils ; au calice dont les dents sont bordées de cils fins ; aux filets des étamines prolongés par une pointe droite, non arquée ; aux feuilles qui sont entières ou faiblement dentées (parfois les feuilles supérieures sont profondément divisées comme dans la sous-espèce Prunella alba).
Noms vulgaires. En français : Brunelle, Petite-Consoude, Charbonnière, Prunelle, Brunette, Herbe-au-charpentier. En allemand : Brunelle, Gemeine-Brunelle, Braunheil, Prunelle, Selbst-heil. En flamand : Bruinelle, Brunelle, Solfeene, Piiidekruiper. En anglais : All-heal, Self-heal, Common-Self-heal, Carpenter's-herb, Touch-and-heal. En italien : Brunella, Prunella, Morella, Consolida-minore.
Usages et propriétés. Cultivé comme plante ornementale soit pour décorer les rocailles, soit en bordures. Les fleurs sont très visitées par les abeilles qui y récoltent un excellent liquide sucré. La plante est astringente, fébrifuge et a été usitée contre les diarrhées.
Distribution. Le type principal peut croître sur tous les terrains ; la sous-espèce Prunella hastaefolia préfère souvent les terrains siliceux ; les deux sous-espèces Prunella alba et Prunella grandiflora préfèrent, au contraire, les terrains calcaires ; s'élève dans le Jura jusqu'au-dessus de la zone des sapins ; peut se trouver, dans les Alpes, jusqu'à 2.200 m d'altitude ; ne dépasse pas 950 m dans les Corbières. France : commun ou très commun, en général. Suisse : très commun. Belgique : commun.
Europe : presque toute l'Europe. Hors d'Europe : Sud-Ouest de l'Asie ; Nord de l'Afrique ; naturalisé dans l'Amérique du Nord.
On a décrit 3 sous-espèces et 15 variétés de cette espèce ; on a décrit aussi 3 hybrides entre les diverses formes ; les 3 sous-espèces et les trois variétés les plus intéressantes sont les suivantes :
Variété pinnatifida Godron (pinnatifide).
Caractères du type principal, mais feuilles supérieures profondément divisées en segments assez étroits, dirigés vers le haut, avec un segment terminal plus grand. (Çà et là, assez rare).
Variété parviflora Benth. (à petites fleurs). Fleurs de moins de 9 mm de longueur, dépassant à peine les bractées. (Çà et là, rare).
P. alba Pall. (B. blanche)
Fleurs d'un blanc jaunâtre ; calice à dents fortement ciliées et à lèvre inférieure fendue environ jusqu'à son milieu ; feuilles supérieures souvent profondément divisées, mais parfois feuilles toutes entières ou peu dentées ; filets des étamines terminés par une pointe courbée en arc ; corolle de 6 à 16 mm de longueur. (Çà et là, surtout sur les terrains calcaires).
Variété pinnatifida Koch (pinnatifide).
Feuilles supérieures profondément divisées en lobes étroits avec un lobe terminal plus grand ; feuilles inférieures à 1 ou 2 lobes latéraux. (Commun).
Variété integrifolia Godron (à feuilles entières).
Feuilles toutes entières ou faiblement dentées.
P. grandiflora Jacq. (B. à grandes fleurs)
Fleurs de 18 à 25 mm de longueur, d'un bleu-violet ; feuilles le plus souvent entières ou dentées ; calice dont la lèvre inférieure est fendue à peine jusqu'au tiers de sa longueur en deux lobes bordés de cils fins ; filets des étamines tous terminés par un bourrelet arrondi (très rarement un peu en pointe) ; les feuilles les plus larges peuvent avoir environ 2 cm de largeur. (Çà et là, surtout sur les terrains calcaires ; manque en Belgique, dans le Nord de la France et en Bretagne).
Variété pinnatifida Koch (pinnatifide).
Feuilles supérieures, et parfois les moyennes, profondément divisées en segments assez étroits, dirigés vers le haut, avec un segment terminal plus grand. (Çà et là, rare).
P. hastaefolia Brot. (B. à feuilles hastées)
Fleurs de 25 à 30 mm de longueur, d'un bleu violet ; feuilles entières, dentées ou rarement un peu divisées, souvent à limbe en forme de fer de hallebarde ; calice dont la lèvre inférieure est fendue environ-jusqu'au quart de sa longueur en deux lobes fortement ciliés ; filets des deux étamines les plus longues terminés par une courte dent un peu courbée en arc ; plante très velue. (Plateau central, Cévennes, Corbières, Pyrénées, Lot, Dordogne).