Cette jolie espèce, au printemps et au commencement de l'été, égaie les bois, les haies, les ravins et les pentes ombragées des montagnes par ses grandes fleurs d'un blanc-jaunâtre à lèvre inférieure tachée de pourpre ou blanchâtres ou purpurines. C'est une plante de 20 à 50 cm qui fleurit depuis le mois de mai jusqu'au mois de juillet.
Les feuilles, relativement grandes, ont toutes un pétiole ; le limbe est vert, poilu, de consistance molle, ridé en réseau, à contour ovale et souvent en cœur renversé ou comme coupé à la base, régulièrement crénelé tout autour sauf dans sa partie basilaire. Les fleurs, qui mesurent environ de 3 à 4 centimètres de longueur, sont solitaires ou groupées par deux à l'aisselle des feuilles supérieures, portées chacune sur un pédoncule très net, toutes tournées d'un même côté. Le calice, un peu en forme de cloche, parcouru longitudinalement par 10 nervures principales, est membraneux, ample, et reste ouvert après la floraison. La corolle, dont le tube est beaucoup plus long que le calice, présente une lèvre supérieure dressée, entière ou très faiblement échancrée ; la lèvre inférieure est étalée, à lobe médian plus grand, ordinairement crénelé au sommet. Le bourrelet nectarifère, placé autour de l'ovaire, n'est presque pas développé.
C'est une plante vivace, à odeur forte mais non désagréable, à tige dressée, couverte de poils assez longs, ordinairement simple. Après la germination, au bout de deux ou trois ans, la racine principale se détruit, et il se produit alors une courte tige souterraine produisant des racines adventives ; la plante se perpétue et se multiplie par des bourgeons nés sur cette tige souterraine. (On a trouvé des exemplaires anormaux présentant des fleurs à 5 étamines).
Noms vulgaires. En français : Mélisse-des-bois, Mélisse sauvage, Mélisse-de-montagne, Mélisse-bâtarde, Mélissot, Mélissière, Herbe-sacrée, Mélisse-de-Tragus. En allemand : Immemblatt, Bastardmelisse, Bergmelisse Waldmelisse, Honigblatt. En flamand : Bijenblad, Melissebladige-Kruisbloem. En anglais : Bastard-Balm, Wood-Bastard-Balm, Balm-leaved-Arohangel. En italien : Melino, Boca-di-lupo, Erba-Limona.
Usages et propriétés. Cultivé comme plante ornementale pour décorer les massifs d'arbustes ou encore en plates-bandes. En général, malgré l'origine du nom de genre de la plante, celle-ci n'est pas visitée par les abeilles pour la récolte du nectar, sauf parfois aux altitudes assez élevées. La plante est acre, aromatique, apéritive ; les feuilles sont stimulantes, vulnéraires, diurétiques, anticatarrhales.
Distribution. Préfère assez souvent les terrains calcaires, mais peut croître sur les sols siliceux ; ne dépasse guère 600 m d'altitude dans les Vosges, et 700 m dans les Corbières ; s'élève dans le Jura jusqu'à la base de la zone des sapins ; peut monter, dans les Alpes, jusque dans la zone subalpine. France : commun, assez commun ou assez rare en général ; quelquefois capricieux dans ses stations, par exemple apparaît dans un taillis à la suite d'une coupe, pour disparaître ensuite. Rare en quelques contrées comme le Nord de la France, les environs de Brest et de Romorantin, la Dordogne et une grande partie des Pyrénées ; manque dans les plaines qui entourent la chaîne du Jura ; etc. Suisse : commun, en général (manque dans les cantons d'Uri, Schwitz et Unterwalden). Belgique : très rare : entre Esneux et Tilff, dans la Région houillère.
Europe : Sud-Ouest, Sud et Centre de l'Europe.
On a décrit 2 variétés de cette espèce ; ce sont les suivantes :
Variété grandiflora Bonnet (à grandes fleurs)
Fleurs d'un blanc jaunâtre à lèvre inférieure tachetée de pourpre ou rarement fleurs entièrement blanchâtres ; feuilles non subitement rétrécies dans leur partie supérieure. (Répandu surtout dans les plaines).
Variété rosea G. B. (à fleurs roses)
Fleurs d'un rose foncé à peu près uniforme ; feuilles à limbe subitement rétréci puis largement en cœur renversé ou comme coupé à la base. (Répandu surtout dans l'Est de la France, en Suisse ou dans les contrées montagneuses).