C'est une grande plante de 70 cm à 1 m 50 que l'on peut trouver dans les bois humides ou pierreux, dans les haies et parfois dans les décombres en diverses contrées de notre Flore ; ses fleurs, d'un pourpre brunâtre, s'épanouissent depuis le mois de juin jusqu'au mois d'août.
Les feuilles sont entières ou un peu sinueuses sur les bords, les supérieures groupées par deux, à limbe ovale, aigu au sommet, couvertes de petits poils fine, à pétiole plus court que le limbe. Les fleurs sont solitaires ou réunies par deux, à l'aisselle des feuilles. Le calice est revêtu de petits poils et ses 5 divisions sont séparées entre elles environ jusqu'aux deux tiers de sa longueur totale. La corolle, qui mesure environ de 20 à 30 mm de longueur, est pourvue de très petits poils et présente 5 lobes très courts. Les 5 étamines, qui sont inégales, sont renfermées dans le tube de la corolle. Le fruit est à 2 loges, globuleux, charnu, noir et luisant.
C'est une plante vivace, d'une odeur fétide, à tige florifère robuste, dressée, rameuse supérieurement, à poils glanduleux vers le sommet des rameaux, qui se perpétue et se multiplie par des bourgeons nés sur la tige souterraine. Lorsque la graine germe, elle produit d'abord une petite tige, ne portant que quelques feuilles et qui se détruit bientôt, puis la tige souterraine donne des bourgeons latéraux qui forment les premières tiges florifères. (On a décrit des exemplaires à fleurs ayant plus de 5 sépales, plus de 5 lobes à la corolle et plus de 5 étamines).
Noms vulgaires. En français : Belladone, Belle-dame, Bouton-noir, Morelle-furieuse, Morelle-marine, Herbe-empoisonnée. En allemand : Belladonna, Tollkirsche, Wolfsbeere, Wolfskirsche, Sauerkirsche, Schönfrau. En alsacien : Teufelsbeere, Dollkraut, Wald-Nachtschatten, Wuth-Tollkirsche. En flamand : Belladonna, Wolfkers, Doodkruid, Schoone-dame. En anglais : Belladonna, Dwale, Raging-Nightshade. En italien : Belladonna, Solatro-maggiore.
Usages et propriétés. On extrait des feuilles une belle couleur verte employée par les peintres en miniature. Les dames italiennes faisaient usage du suc des feuilles pour blanchir leur teint et du suc des fruits pour fabriquer un fard ; d'où le nom de « Bella-donna » ou de « Belle-dame » donné à la plante. Parfois cultivé comme plante ornementale ; les fleurs sont visitées par les abeilles. Les feuilles, appliquées extérieurement, sont adoucissantes et résolutives ; les racines sont narcotiques (dangereux) ; la plante a été préconisée contre les névralgies et contre la coqueluche ; l'extrait et le sirop servent à dilater la pupille, remède employé lorsque l'on fait l'opération de la cataracte ; l'extrait est aussi usité comme préservatif de la scarlatine. La plante renferme deux alcaloïdes toxiques l'atropine et l'hyoscyamine (ensemble 0,4 pour cent environ) ; la proportion d'alcaloïdes varie d'ailleurs suivant que la plante est cultivée ou sauvage et avec les diverses localités où elle croît naturellement. La plante contient aussi de la belladonine, de l'asparagine, etc. Les cendres donnent, pour cent : 31,60 de potasse ; 17,5 de soude ; 15,4 de chaux ; 9 de chlore, etc. ; on y trouve 0,12 d'oxyde de cuivre. Les feuilles et les racines sont vénéneuses, les fruits plus encore. Très vénéneux.
Distribution. Préfère souvent les terrains calcaires ; ne s'élève guère à plus de 1.200 m d'altitude sur les diverses montagnes. France : disséminé, apparaît souvent après les coupes, dans les taillis ; de distribution inégale ; par exemple : rare dans le Nord de la France ; assez rare aux Environs de Paris, dans les Ardennes, mais commun ou assez commun en Lorraine et dans les Vosges ; assez commun dans la région jurassienne, mais rare en Bourgogne ; çà et là en Champagne ; rare ou très rare dans l'Ouest ; rare dans la partie septentrionale du Centre de la France mais seulement assez rare ou même assez commun dans le Plateau-Central ; manque dans le Limousin ; rare dans la Lozère, le Tarn et l'Aveyron ; assez rare et parfois assez commun dans les Corbières et les Pyrénées ; assez rare dans les Alpes et le bassin du Rhône ; manque presque complètement sur le littoral méditerranéen, mais se trouve, inégalement distribué, dans les contrées montagneuses voisines ; etc. Suisse : assez commun, en général. Belgique : assez rare dans la Région houillère ; rare dans la Région jurassique et de l'Ardenne ; très rare dans la Région hesbayenne.
Europe : Grande-Bretagne, Europe centrale, méridionale et occidentale. Hors d'Europe : Sud-Ouest de l'Asie ; Nord de l'Afrique.