Cette espèce est répandue dans les cultures de toutes les contrées de notre Flore. C'est une plante dont la taille peut varier de 8 cm à 50 cm, et dont les fleurs blanches, rarement roses, rougeâtres ou bleuâtres, s'épanouissent depuis le mois d'avril jusqu'au mois de septembre et parfois encore en octobre. Aux fleurs succèdent des fruits d'une teinte brune qui sont rugueux, couverts de petits tubercules ou de saillies en réseau.
Les feuilles sont d'un vert pâle, revêtues de petits poils appliqués, assez rudes, ovales-allongées, atténuées à la base et vers le sommet ; les inférieures s'amincissent en pétiole. En regardant ces feuilles par-dessous on voit que la nervure principale est seule et saillante. Les fleurs sont disposées en grappes un peu recourbées qui deviennent très longues, les fruits étant de plus en plus distants les uns des autres. Le calice est hérissé de poils ; ses divisions sont étroites et aiguës à leur sommet. La corolle, qui mesure de 6 à 10 millimètres de longueur, est munie de petits poils en dehors et sans poils en dedans, à la gorge ; le tube de la corolle dépasse peu le calice. Les étamines se détachent vers la base du tube de la corolle. Les fruits sont d'un aspect presque mat et leurs 4 parties (dont parfois plusieurs ne se développent pas) sont en forme de tétraèdre, aiguës vers leur sommet.
C'est une plante annuelle, à tige florifère dressée ou redressée, peu ramifiée, couverte de poils appliqués, à racine principale développée.
Noms vulgaires. En français : Charée, Chérie, Nivelle-sauvage. En anglais : Bastard-Gromwell, Field-Gromwell, Pearl-plant, Stone-seed. En allemand : Acker-Steinhirse, Acker-Steinsame, Bauernschmincke, Wilder-Steinsame. En flamand : Ruw-Parelkruid, Akkcersteenzaad, Wild-Steenzaad. En italien : Strigolo-salvatico.
Usages et propriétés. La partie extérieure de la racine renferme une matière colorante rouge qui, dans le Nord de l'Europe, a été employée comme fard ou encore pour colorer le beurre. Les fruits ont été usités autrefois comme anticalculeux.
Distribution. Préfère quelquefois les terrains calcaires, par exemple dans l'Ouest ; la race L. incrassatum se plaît au contraire sur les terrains siliceux ; peut s'élever avec les cultures, sur les montagnes. France : très commun ou commun, en général (assez commun dans le Languedoc ; assez rare dans le Finistère, dans les Ardennes, etc.). Suisse : commun ou assez commun, en général, mais manque dans les cantons suivants : Uri, Schwartz, Unterwalden, Appenzell, Saint-Gall, Glaris, Zurich, Thurgovie, Argovie, Grisons. Belgique : commun en général, mais assez commun ou assez rare dans les Régions campinienne et de l'Ardenne.
Europe : presque toute l'Europe sauf la zone arctique. Hors d'Europe : Asie, Nord de l'Afrique ; naturalisé en Amérique.
On a décrit 1 race et 2 variétés de cette espèce ; ce sont les suivantes :
Variété ceeruleum DC. (à fleurs bleues)
Fleurs bleuâtres ; pédoncules ne se renflant pas en massue à leur partie supérieure après la floraison. (Çà et là, peu commun).
L. incrassatum G. G. (non Guss.) (G. à pédoncules renflés)
Fleurs d'abord rougeâtres puis bleuâtres ; parties du fruit moitié plus petites que celles de L. arvense et tombant très tôt ; feuilles moyennes et supérieures étroites-allongées sans pétiole ; feuilles inférieures présentant leur partie la plus large au delà de la moitié de la longueur du limbe qui est atténué en pétiole ; pédoncules, pour la plupart, plus ou moins renflés en massue dans leur partie supérieure, après la floraison ; plante de 10 à 20 cm (Çà et là dans le Centre de la France, en Dauphiné, en Provence).
Variété intermedium Rouy (intermédiaire)
Fleurs d'abord roses ou rougeâtres, puis bleuâtres ; pédoncules peu épaissis après la floraison ; corolle de 8 à 10 cm de longueur. (Çà et là dans le Plateau-Central de la France).