Cette jolie plante, bien connue sous le nom vulgaire d'« Herbe-aux-écus » (à cause de ses feuilles arrondies) est répandue dans les endroits frais des bois, les fossés, les prés humides, en presque toutes les contrées de notre Flore. Ses tiges, qui peuvent avoir 10 à 70 cm de longueur, sont couchées sur le sol auquel les rattachent des racines adventives situées près de l'insertion des feuilles ; elles portent des paires de feuilles successives qui vont en diminuant de grandeur à mesure que l'on s'approche de l'extrémité des tiges. Les fleurs jaunes sont isolées, à l'aisselle des feuilles, et ne se produisent pas dans la partie terminale des tiges. La plante fleurit depuis le mois de juin jusqu'au mois d'août.
Les feuilles sont opposées, à pétiole court, à limbe arrondi ou ovale-arrondi, sans poils ; elles ne sont pas, pour la plupart, appliquées contre le sol, mais se relèvent plus ou moins par la courbure de leur pétiole. Les pédoncules sont un peu plus courts que les feuilles ou tout au plus égaux aux feuilles. Le calice a 5 divisions élargies et en cœur renversé. La corolle a 3 ou 4 fois la longueur du calice et mesure environ 2 centimètres de largeur lorsqu'elle est épanouie ; elle est finement ponctuée à l'intérieur par de très petites glandes jaunâtres, et est divisée en 5 lobes ovales-allongés beaucoup plus longs que le tube de la corolle. La plante fructifie très rarement ; lorsque l'on trouve exceptionnellement un fruit mûr, il est plus court que le calice persistant qui l'entoure.
C'est une plante vivace, sans poils, dont les tiges couchées et rampantes, présentent 4 angles dans leur longueur et sont peu ou pas rameuses dans leur partie aérienne. La plante croît souvent en masse, se perpétuant et se multipliant par la division de ses tiges souterraines. Un fragment de la plante, transporté au loin par une circonstance quelconque, s'enracine très bien dans un sol humide. Cette multiplication facile de la plante compense la rareté des graines, car aux Environs de Paris et dans le Nord de la France par exemple, la plante ne fructifie pour ainsi dire jamais, et ailleurs, les fruits mûrs de cette espèce sont très rares. Le sommet des tiges couchées ne s'atrophie pas pendant l'hiver et peut continuer indéfiniment à produire la végétation de la plante, donnant pendant la saison suivante une nouvelle partie fleurie, et ainsi de suite.
Noms vulgaires. En français : Herbe-aux-écus, Monnoyère, Nummulaire, Herbe-aux-cent-maux. En anglais : Two-Penny-Grass, Moneywort, Creeping-Loosestrife. En allemand : Pfennig-kraut, Nattergold, Egelkraut, Pfennigfelberich. En flamand : Penninffkruid, Egelkruid. En italien : Nummularia, Centimorbia, Quattrinaria, Erba-Soldina.
Usages et propriétés. Cultivé comme plante ornementale pour décorer les bords des pièces d'eau ou pour garnir les suspensions ; on en connaît une variété horticole « aurea », à feuillage doré. Plante vulnéraire, astringente, fébrifuge, antiscorbutique. La plante renferme une diastase, la primevérase ; les cendres contiennent pour cent : 26,8 de silice ; 5 de chaux ; 7,9 de sesquioxyde de fer.
Distribution. Peut croître sur les terrains les plus variés ; ne s'élève pas, en général, à plus de 1.500 m d'altitude, sur les montagnes. France : commun ou très commun en général, mais peut être rare ou même manquer dans certaines contrées ; par exemple : rare en Bretagne, dans le Tarn, l'Hérault, la Provence et les Alpes-Maritimes ; manque dans la Haute-Vienne et dans la partie haute de la Corrèze ; très rare dans l'Aude (Craboules près de Narbonne) ; assez commun dans une partie de l'Aveyron, etc. Suisse : commun aux altitudes peu élevées. Belgique : commun en général ; assez commun seulement, dans la Région de 1 'Ardenne.
Europe : presque toute l'Europe jusque dans la partie méridionale de la Presqu'île Scandinave. Hors d'Europe : Caucase ; naturalisé dans l'Amérique du Nord.