C'est une plante de 30 cm à 1 mètre de hauteur, remarquable par ses rameaux effilés et étalés, à feuilles peu développées, dont les petits capitules, beaucoup plus longs que larges, sont groupes par 2 à 4 ou parfois isolés, tous placés sur des ramuscules très courts et à peine distincts. On rencontre cette espèce dans les champs sur les talus, sur les ballasts des cnemins de fer, dans les vignes et les prairies ou au milieu du sable des cours d'eau dans la plupart des contrées de la France et de la Suisse. Ses capitules de fleurs jaunes s'épanouissent depuis le mois de juillet jusqu'au mois de septembre.
Les feuilles supérieures sont étroites et entières, les moyennes et les inférieures sont souvent dentées ; celles situées tout à fait à la base de la plante se développent avant la floraison et sont ordinairement détruites lorsque les capitules s'épanouissent ; ces feuilles tout à fait inférieures sont relativement très grandes, profondement et irrégulièrement divisées, à lobes latéraux aigus et inégaux, à lobe terminal plus grand. L'involucre présente des bractées qui sont un peu farineuses sur leur face extérieure, les intérieures étroites et allongées, les extérieures ovales et très petites. Les fruits mûrs sont d'un brun pâle, munis de fines côtes longitudinales dans leur partie inférieure ; au-dessus, se trouvent plusieurs rangées d'écailles dont la rangée supérieure forme 5 dents épineuses, du milieu desquelles sort un prolongement fin constituant un bec qui supporte l'aigrette blanche. Les tiges et les feuilles sont sans poils dans toute la partie supérieure de la plante, et, au contraire, hérissées de poils durs et recourbés, dans la partie inférieure.
Après la floraison, les rosettes de la saison suivante sont à peine visibles, ce qui a fait croire que la plante était bisannuelle, en réalité elle est vivace, et sa racine principale persiste pendant très longtemps, tout en subissant des destructions partielles. D'ailleurs la plante est souvent encore vivace d'une autre manière que par la production de rosettes successives sur sa courte tige souterraine, car il peut se former des bourgeons adventifs sur les racines. La plantule présente 2 cotylédons ovales et à court pétiole. Lorsque la plante germe, on voit que les premières feuilles sont larges et entières, les suivantes dentées, puis se développent des feuilles très découpées ; enfin vers le haut des tiges florifères, les feuilles redeviennent entières (Léon Dufour). (On a trouvé des exemplaires à fleurs verdies et déformées).
Noms vulgaires. En français : Chondrille, Condrille. En allemand ; Krumning, Chondrillenkraut, Knorpelsalat. En italien : Pincheri-da-latte, Condrilla-lattaiola, Lattugaccio. En anglais : Condrilla, Devil's-grass, Skeleton-weed.
Usages et propriétés. Les plantes jeunes fournissent une très bonne salade. Les lapins sont très friands de cette espèce. C'est une plante apéritive.
Distribution. Ne s'élève pas en général à plus de 1.000 m d'altitude sur les montagnes ; on le trouve cependant jusqu'à plus de 1.500 m d'altitude dans le Valais, tandis qu'il n'atteint guère plus de 600 m dans les Corbières. France : commun ou assez commun en général, mais est parfois de distribution inégale ; par exemple : rare dans le Nord de la France, dans le Jura, dans la majeure partie de la Normandie ; assez rare ou assez commun en Lorraine ; très commun en Alsace ; très rare dans les Ardennes (Charleville) ; peu commun dans le Finistère, etc. Suisse : commun ou assez commun, surtout dans les endroits chauds ou bien exposés ; manque dans les cantons d'Appenzell, Saint-Gall, Glaris et Soleure.
Europe : Sud-Ouest, Sud et contrées centrales de l'Europe. Hors d'Europe : Ouest et Sud-Ouest de l'Asie ; Algérie, Tunisie ; naturalisé dans l'Amérique du Nord.
On a décrit 2 variétés de cette espèce, qui présente d'ailleurs de grandes variations dans la forme des feuilles et des poils de la partie inférieure de la plante.