C'est un arbuste, qui peut atteindre ordinairement jusqu'à 6 à 8 mètres de hauteur, remarquable par ses nombreuses petites fleurs jaunes qui apparaissent dès le mois de mars, avant que les feuilles de l'arbuste soient développées. Qn le rencontre sur les terrains calcaires dans presque toute l'étendue de notre Flore.
Les rameaux de l'année, grisâtres ou verdàtres, sont couverts de poils abondants et persistants. Ils portent des feuilles simples, entières, à contour en forme d'ellipse mais aigu au sommet, à nervures secondaires principales courbées et convergentes vers le sommet de la feuille ; le limbe est attaché sur un très court pétiole, et est parsemé de quelques poils couchés qui le rendent un peu rude au toucher ; en dessous, ies feuilles sont d'une teinte plus pâle, et présentent, à l'aisselle des nervures, de petits paquets de poils un peu laineux. Les fleurs sont groupées en inflorescences qui ont l'apparence de petites ombelles simples opposées, ayant 6 à 10 rayons courts, placées chacune au centre d'un involucre formé par 4 bractées concaves, ovales et obtuses, égalant à peu près en longueur les rayons de l'ombelle. Le nectaire, situé autour et à la base du style, est formé par un anneau saillant et un peu quadrangulaire. Les pétales sont ovales-aigus et renversés. Le fruit est constitué par une drupe, d'environ 1 centimètre de longueur, rouge à la maturité complète, très rarement blanchâtre ou jaunâtre, de saveur acidulée. C'est un arbuste ou même un petit arbre dont les tiges assez âgées sont cannelées et recouvertes d'une écorce mince, écailleuse, d'un jaune brunâtre. Déjà, en été, on voit se développer les gros bourgeons globuleux qui produiront les inflorescences au printemps suivant : les bourgeons à feuilles et les bourgeons à fruits sont recouverts de 2 à 4 écailles disposées par paires. En 20 ou 25 ans, l'arbuste peut atteindre jusqu'à 8 mètres de hauteur, mais il peut devenir beaucoup plus âgé et même vivre pendant plusieurs centaines d'années en s'accroissant alors avec une très grande lenteur. (On a trouvé des exemplaires présentant diverses anomalies : involucre de l'ombelle doublé ; feuilles verticillées par 3 ; accroissement très grand des fleurs et des fruits ; fleurs à parties semblables disposées par 5 ou par 6 ; étamines divisées, etc.).
Noms vulgaires. En français : Cornier, Cornouiller-des-bois, Aournier, Coneiller, Savignon. En allemand : Hartriegel, Corneelkirsche, Kirschenhartriegel, Cornelbaum, Dienkel, Zisserleinbaum, En alsacien : Cornelkirschen. En flamand : Cornoelie, Gele-Kornoelje, Buttelboom. En italien : Corno, Cornio, Corniolo, Corgnolo, Crognolo. Sanguine-maschio, Corniolo-maschio, Cornajo. En anglais : Cornelian-cherry, Cornel-tree, Cornel-dogwood.
Usages et propriétés. Quelquefois cultivé comme arbre fruitier. Les fruits (cornouilles ou cornioles) sont consommés en confitures ; en Russie, on en fait des conserves. Le bois est d'un blanc rougeâtre et rougeâtre au cœur lorsqu il est âgé. C'est peut-être le bois de nos régions qui est à la fois le plus dur, le plus tenace et le plus homogène. On, l'utilise pour fabriquer des manches d'outils, des fourches, cannes, gaules, cercles de tonneau, etc. C'est un bois difficile à fendre et qui est susceptible d'acquérir un beau poli ; il est usité par les tourneurs ; ce bois doit être bien sec avant d'être travaillé, sans quoi il se gerce et se déforme. Les fleurs sont visitées par les abeilles qui y recueillent un excellent nectar. Cultivé comme arbuste ornemental ; il existe une variété « elegantissima », à feuilles panachées de blanc et de rouge, et une variété « variegata », à feuilles panachées de blanc. Les fruits sont fébrifuges; les feuilles peuvent servir à faire une infusion théiforme. On trouve, dans les fruits, du saccharose et du sucre interverti ; les fleurs renferment de la quercétine ; l'écorce contient du malate de calcium, des matières pectiques et un peu plus de 8 % de tanin.
Distribution. Préfère les terrains calcaires; ne s'élève guère à plus de 900 m. d'altitude. France : assez commun en général, mais de distribution fort inégale ; par exemple : rare dans l'Eure, l'Aveyron et le Tarn ; très rare dans le Plateau Central, extrêmement rare dans le Perche, la Beauce et la Sologne ; çà et là dans le Jura, en Provence et les Alpes-Maritimes ; assez rare dans le Languedoc et dans le bassin du Rhône ; assez commun dans l'Ouest mais manque en Bretagne ; commun en Lorraine ; çà et là dans le Limousin, etc. Suisse : çà et là dans les cantons de Genève, de Vaud, du Valais, de Fribourg, Appenzell, Saint-Gall, Glaris, Tessin. Grisons. Belgique : assez commun dans la Région houillère ; assez rare dans la Région jurassique ; planté ou subspontané ailleurs,
Europe : Europe centrale et méridionale. Hors d'Europe : Asie Mineure, Arménie, Caucase.