C'est un arbre qui peut atteindre de 25 à 30 m. de hauteur, rarement plus, et dont le tronc peut mesurer vers sa base, de 1 m. 80 à 3 m. 20 de circonférence. On le plante parfois dans les promenades ou au bord des routes, et on le trouve formant des haies, surtout dans le Midi de la France. Ses très petites fleurs d'un jaune-verdâtre (qui ne dépassent pas 4 millimètres de largeur) se montrent en juin ; les fruits ne mûrissent qu'à la saison suivante.
Les feuilles sont ordinairement groupées les unes près des autres sur des rameaux très courts ; les premières, apparues au commencement du printemps, ont 16 à 30 folioles disposées sur deux rangs, sans foliole terminale ; celles qui se développent à partir de la fin du printemps sont deux fois divisées et présentent un pétiole commun principal d'où partent des pétioles communs secondaires portant les folioles. Toutes ces folioles sont relativement petites, et mesurent de 18 à 25 millimètres de longueur sur 5 à 8 millimètres de largeur ; elles sont ovales, très légèrement ondulées sur les bords, couvertes de petits poils sur leur face inférieure. Les grappes de fleurs naissent sur des rameaux produits pendant la saison précédente ; celles qui sont formées de fleurs staminées sont serrées, celles qui sont composées de fleurs pistillées sont assez lâches. Les pétales sont cotonneux et d'un blanc-jaunâtre.
Les fruits sont aplatis, rougeâtres, plus ou moins courbés ou contournés ; chacun d'eux mesure de 20 à 35 centimètres de longueur sur 3 à 5 centimètres de largeur. Les graines sont pointues, d'un brun un peu rougeâtre, et ne mûrissent pas ordinairement, dans l'étendue de notre Flore, lorsque l'arbre est planté en dehors de l'Ouest ou du Sud de la France. L'écorce reste pendant longtemps lisse et grisâtre ; plus tard, elle forme des gerçures qui s'élargissent.
L'arbre, sauf dans une variété horticole spéciale, est remarquable par ses épines d'un brun rouge, constituées par des rameaux particuliers, et qui sont surtout nombreuses lorsque les plantes sont jeunes. Les épines du tronc, souvent groupées et rameuses, peuvent atteindre jusqu'à 20 centimètres de longueur ; celles des branches ont de 7 à 12 centimètres et portent le plus souvent deux épines latérales.
Noms vulgaires. En français : Févier, Févier-d'Amérique, Carouge-à-miel. En allemand : Dornige-Christusacazie, Honigdorn. Dornbaum. En flamand : Christusdoorn. En anglais : Honey-Locust, Torney-Acacia.
Usages et propriétés. Dans l'Amérique du Nord, on fait fermenter l'enveloppe du fruit, qui contient des sucres, pour fabriquer une liqueur alcoolique. Cultivé comme arbre ornemental ; on l'utilise aussi en le taillant, pour former des haies impénétrables. Il existe plusieurs variétés horticoles, telles que la variété « pendula », à rameaux pleureurs, et la variété « inermis », sans épines. Le bois jeune est d'un blanc-jaunâtre, mais devient ensuite rose ou d'un rouge brun ; c'est un bois dur, lourd, à grain compact, résistant à l'humidité, on l'utilise dans la menuiserie et pour les traverses de chemins de fer ou la construction des wagons ; mais il manque de souplesse et résiste peu à la flexion ; les épines, très dures, sont parfois utilisées comme clous. L'arbre est très mellifère par ses fleurs qui sont visitées par les abeilles. Les graines renferment de la mannane et de la galactane ainsi qu'une diastase, la séminase.
Distribution. Originaire du Canada ; a été introduit en Europe en 1700 ; on peut le planter sur les montagnes jusqu'à environ 800 m. d'altitude. France : planté et utilisé pour faire des haies, particulièrement dans la partie méridionale de la France. Suisse et Belgique : parfois planté.
Europe : planté surtout dans les contrées les plus tempérées. Hors d'Europe : Amérique du Nord ; planté ailleurs dans les régions tempérées.