C'est une plante d'un aspect assez décoratif, à nombreuses petites fleurs jaunes rapprochées sur les rameaux supérieurs, qu'on cultive çà et là, et qui se répand très souvent dans les champs, les endroits incultes, sur les coteaux ou les talus des chemins de fer. Sa taille varie de 40 cm. à 1 m. 40 de hauteur ; la plante fleurit en mai et juin. On reconnaît cette espèce à ses feuilles inférieures presque aiguës au sommet et à ses fruits mûrs qui ont, en général, moins de 5 millimètres de largeur. C'est ordinairement une grande plante à tige dressée, à feuilles nombreuses le long de la tige, et de plus en plus petites et étroites à mesure qu'elles sont situées plus haut ; ces feuilles embrassent la tige, à leur base, par 2 lobes aigus au sommet ; les feuilles supérieures sont un peu en forme de fer de flèche. Les fruits sont plus de 3 fois plus longs que larges. La forme la plus répandue est une plante à feuilles glauques et sans poils. C'est une plante bisannuelle ou pérennante (c'est-à-dire pouvant vivre plusieurs années), à racine principale développée. Lorsque les fleurs de cette plante sont exposées au soleil, elles exhalent une odeur fétide. (Quelquefois, la partie de la tige qui a porté les fruits continue à vivre et donne, en automne, des pousses feuillées nouvelles ; on a observé aussi parfois, chez cette espèce, des fleurs dont les 2 paires d'étamines longues sont remplacées chacune par une seule grande étamine.)
Noms vulgaires. En français : Pastel, Guède, Vouède. En allemand : Wait, Färber-Wait, Deutscher-Indig, Pastel. En alsacien : Weyde. En flamand : Weede, Ververs-Weede, Pastel. En italien : Vado, Guado, Erba-guada, Glastro, Pastello, Guadone. En anglais : Woad, Wade.
Usages et propriétés. Cultivé comme plante fourragère précoce. Les fleurs sont très visitées par les abeilles venant y récolter le liquide sucré produit par le nectaire formant un anneau qui laisse en dehors les étamines longues et, en dedans, les étamines courtes. Les feuilles, coupées au moment où elles commencent un peu à jaunir, réduites en pâte, macérées, produisent, après fermentation, une matière colorante bleue analogue à l'indigo. On y trouve de l'indicane, glucoside de l'indigotine. La substance extraite, desséchée, se vend sous le nom de « coques de pastel ». Pendant le blocus continental, sous Napoléon Ier, on s'est servi du Pastel pour remplacer l'indigo. L'emploi du Pastel en teinturerie n'a plus actuellement d'importance. On l'utilisait déjà dans l'antiquité pour teindre les laines. La plante a été employée comme antiscorbutique, pour cicatriser les plaies et contre les maladies de la rate.
Distribution. La plante paraît être d'origine européenne, mais elle a été répandue comme plante cultivée dans l'Europe centrale et occidentale vers le XIIe siècle ; peut croître jusqu'à plus de 2.000 m. d'altitude, sur les montagnes. France : çà et là ; souvent très abondant dans ses localités ; rare dans le Plateau central ; très rare dans l'Ouest ; manque en Bretagne. Suisse : naturalisé dans une grande partie des régions peu élevées de le Suisse. Belgique : rarement subspontané ou naturalisé çà et là.
Europe : Europe centrale et méridionale ; rare dans l'Europe septentrionale. Hors d'Europe : Sud-Ouest de l'Asie, Inde ; Nord de l'Afrique ; Ile Madère.
On a décrit 3 races et 2 variétés de cette espèce. Les principales sont les suivantes :
I. canescens DC. (P. blanchâtre). Feuilles plus ou moins velues ; fruits velus, de 20 à 25 mm. de longueur sur 4 à 6 mm. de largeur, à maturité ; fleurs ne dépassant pas ordinairement 3 millimètres de largeur. (Provence).
I. oxycarpa Jord. (P. à fruits aigus). Feuilles et fruits sans poils ; fruits le plus souvent terminés par une pointe, et ayant, à maturité, de 12 à 15 mm. de longueur sur environ 3 mm. de largeur ; fleurs ne dépassant pas ordinairement 3 millimètres de largeur. (Alpes).
I. villarsii Gaud, (P. de Villars). Feuilles velues ; fruits sans poils, ayant, à maturité, 12 à 15 mm. de longueur sur 4 à 5 mm. de largeur, souvent avec une pointe au sommet. (Alpes et çà et là).